Le Maroc participera ou ne participera pas à la conférence au Bahreïn sur le «Deal du siècle» ? Face au silence officiel du Maroc, les associations anti-normalisation avec Israël se préparent à une réaction commune. Comme lors de la visite au Maroc de Jared Kushner, conseiller principal de Donald Trump, les associations anti-normalisation avec Israël ont réagi cette semaine à l'annonce d'une possible participation du Maroc à la conférence qu'accueillera Manama, la capitale du Bahreïn les 25 et 26 juin prochains. Dans un communiqué parvenu ce jeudi à Yabiladi, le Groupe d'action nationale de soutien à la Palestine (GANSP) a exprimé son inquiétude quant aux informations faisant état de la participation du Maroc à cette rencontre où les Etats-Unis devront présenter le volet économique du plan de paix israélo-palestinien, appelé également «Deal du siècle». Une conférence que les amis de Khalid Sefiani qualifient d'«atelier que les hommes libres du monde entier ont été unanime à boycotter et à leur tête le peuple palestinien». «Au sein du Groupe d'action nationale de soutien à la Palestine, nous exprimons notre surprise face à la décision de prendre part, si elle s'avère vraie, à cet atelier sinistre. Nous considérons tout d'abord que cette participation ne reflète pas la volonté du peuple marocain et constitue même une insulte choquante à ses sentiments, une tentative d'éliminer nos lieux saints d'Al-Aqsa et une violation de l'engagement du Maroc envers nos frères palestiniens sans prendre en compte leur appel à boycotter la rencontre.» Communiqué du GANSP Pour l'ONG, «toute participation à la conférence au Bahreïn aux côtés des dirigeants sionistes constitue un entérinement de leurs massacres et crimes contre le peuple palestinien et une reconnaissance de leur occupation des territoires arabes, de la judaïsation d'Al Qods et des attaques quotidiennes contre les fidèles de la mosquée Al-Aqsa». Ainsi, le Groupe d'action nationale de soutien à la Palestine appelle, dans son communiqué, les autorités marocaines à exprimer «la position claire et franche quant à l'éventualité d'une participation à la conférence de Bahreïn». Si la décision de la participation a été effectivement prise, l'ONG «exhorte les autorités marocaines à rectifier ce faux pas, prenant en considération le fait qu'il ne reflète pas la volonté des Marocains et contredise les engagements du royaume». Les défenseurs marocains de la cause palestinienne se coordonnent De son côté, Abdessamad Fathi, président de l'Instance marocaine pour le soutien des affaires de la Oumma (IMSAO), affiliée au mouvement Al Adl Wal Ihsane, rappelle la position exprimée par son ONG lors des manifestations tenues devant le Parlement à Rabat et devant le consulat des Etats-Unis à Casablanca. «Nous sommes contre le "Deal du siècle" et contre la participation à la conférence au Bahreïn», confie-t-il ce jeudi à Yabiladi. «Nous avons été surpris par cette information. Si elle s'avère vraie, nous condamnons cette position et nous appelons le Maroc à revenir sur cette décision qui constitue un coup porté à la cause palestinienne et une participation à un crime historique. Elle serait une position en contradiction avec l'engagement des Marocains vis-à-vis de la Palestine.» Abdessamad Fathi Quant à ceux qui évoquent une participation pour «s'informer du "Deal du siècle"» en la mettent en lien avec la déclaration de Nasser Bourita – pour qui le Maroc n'est pas au courant de ce plan-, Abdessamad Fathi évoque un «argument trompeur». «Participer à cette conférence pour soit disant prendre note est une justification approximative, sinon les Palestiniens seraient les premiers à participer», nous répond-t-il, affirmant que les «contours du "Deal du siècle" sont désormais clairs avec des indicateurs alarmants d'une volonté de liquider la question palestinienne». Le militant associatif annonce des contacts récents avec les autres organisations anti-normalisation avec Israël, suite à l'information relayée par l'agence Reuters quant à la participation marocaine à la conférence de Bahreïn pour «s'unifier et mettre en place un cadre commun et un programme pour s'opposer à cette éventualité». «Si la participation du Maroc se confirme, les différents acteurs du soutien à la cause palestinienne ne resteront pas les bras croisés», conclut-il. Pour rappel, le chef du gouvernement Saadeddine El Othmani, répondant à la question d'un journaliste, a affirmé «ne pas être au courant» si le Maroc prendra part à la Conférence de Bahreïn. Une participation divulguée il y a quelques jours par une source à la Maison blanche, mais démentie par le porte-parole du gouvernement palestinien.