Comme en mars derniers, une altercation a eu lieu lundi au sein du Parlement africain, réuni à Midrand près de Johannesburg, entre la délégation marocaine et les délégations de l'Algérie et du Polisario à propos de la question des réfugiés sur le continent africain. Le HCR, l'agence des Nations unies pour les réfugiés, a signé hier un mémorandum d'entente visant à renforcer la coopération avec le Parlement panafricain (PAP). Le mémorandum a été signé au siège du PAP à Midrand, en Afrique du Sud, par le représentant du HCR auprès de l'UA et de la Commission économique des Nations unies pour l'Afrique, Cosmas Chanda, et le président du PAP, Roger Nkodo Dang. Une signature qui intervient alors que le Parlement panafricain tient actuellement la deuxième session de sa cinquième législature. Les réfugiés au cœur de la discorde Le thème de cette session, «Les réfugiés, les rapatriés et les personnes déplacées à l'intérieur de leur pays», a été au cœur d'une nouvelle altercation entre les délégations parlementaires du Maroc, de l'Algérie et les représentants du Front Polisario. «Lors de la réunion, un représentant algérien a évoqué le dossier des réfugiés, reprenant ainsi la thèse séparatiste et la situation à Tindouf et donc nous lui avons répondu», nous confie ce mardi le parlementaire Noureddine Karbal, membre de la délégation marocaine. Dans leur réponse, les élus marocains ont rappelé au député algérien la décision prise par l'Union africaine, lors du 31e Sommet de l'UA à Nouakchott en 2018. Un sommet qui «a déclaré que la question du Sahara est exclusivement du ressort des Nations unies, avec la formation d'une Troïka africaine», rappelle notre interlocuteur. «Nous avons dit que nous ne devrions pas occuper le Parlement africain par une affaire dans laquelle l'Union africaine a déjà tranché, du moment où nous sommes (le PAP, ndlr) l'un des organes de cette Union. Et nous avons ajouté qu'il fallait aussi recenser ces 'réfugiés' à Tindouf pour connaître leur nombre et les conditions dans lesquelles ils vivent.» Noureddine Karbal La neutralité du président du PAP déplait à l'Algérie et au Polisario La délégation marocaine a également insisté sur le fait que «tant que l'Algérie et le Polisario refusent le recensement, ces 'réfugiés' sont finalement des personnes séquestrées». Des propos qui irriteront la délégation algérienne ainsi que les représentants du Polisario. «L'un des séparatistes a déclaré que les camps de Tindouf étaient ouverts aux organisations internationales, mais ils n'ont pas répondu à la question de recensement», ajoute le parlementaire marocain. C'est à ce moment-là que le Camerounais Roger Nkodo Dang, président du PAP, intervient pour calmer les esprits, annonçant que le PAP a convenu avec le HCR pour visiter des camps de réfugiés en Afrique. «Si une visite est prévue, c'est eux qui la programmeront», a-t-il ajouté. Et contrairement au Namibien qui présidait la réunion de mars dernier, l'actuel président du PAP «était neutre et a fait souvent référence à la décision du Sommet de Nouakchott», se félicite l'élu marocain. «Il a continué à insister sur le fait que toute décision du Parlement africain sur la question du Sahara devait être consultée avec l'Union africaine, ce qui les [le Polisario et l'Algérie, ndlr] dérange au point de vouloir déposer un rapport contre lui», précise Noureddine Karbal. Ce n'est pas la première fois que les sessions du Parlement panafricain sont le théâtre de clashs entre la délégation marocaine, la délégation algérienne et les représentants du Polisario. L'institution panafricaine a connu des incidents similaires, le dernier datant de mars, depuis l'adhésion du Maroc à cette institution continentale en mai 2018. A rappeler que le Maroc est représenté au sein du PAP par les députés Noureddine Kerbal (PJD), Meryem Ouhssata (PAM) et Mhammed Zekrani (UC) et les conseillers Abdellatif Abdouh (PI) et Yehfadeh Ben Mbarek (MP).