Cette semaine, plusieurs médias marocains ou proches du Front Polisario sont revenus sur le clash qui s'est déroulé lors d'une réunion du Parlement panafricain (PAP) à Midrand (près de Johannesburg, Afrique du Sud). Noureddine Karbal, député du groupe du PJD à la Chambre des représentants et membre de la délégation marocaine ayant pris part à cette rencontre, revient avec Yabiladi sur les coulisses de cette altercation avec l'Algérien Smaïl Chergui, commissaire de l'UA pour la paix et la sécurité. Une vidéo vous montrant en train de protester lors d'une réunion du Parlement panafricain en Afrique du Sud a largement été relayée. Quel est le contexte de cette protestation ? Avec la présence du Polisario, c'est assez fréquent que ces clashs se produisent. De plus, nous étions en Afrique du Sud, connue pour ses positions hostiles à l'égard du Maroc. A cela s'ajoute aussi la présence de l'Algérie. Il faut savoir que ces trois parties ne viennent pas d'intégrer les instances de l'Union africaine. Elles ont des fonctionnaires là-bas, même au sein du Parlement panafricain. Et même si les députés marocains ne voulaient pas avoir d'altercation, ils ne pouvaient pas rester les bras croisés, face à un discours connu à travers lequel les représentants du Polisario répètent que le Sahara serait la «dernière colonie d'Afrique». Nous avons donc tenté d'éclaircir et donner plus de précisions aux personnes présentes, d'autant plus que les représentants du Polisario ont informé à l'avance les autres délégations de leur intervention, les invitant à leur apporter du soutien. Mais qu'est ce qui a déclenché ce clash alors que le Commissaire de l'UA pour la paix et la sécurité n'a plus le droit d'évoquer le sujet conformément à la décision prise par le Sommet de l'UA à Nouakchott ? Il y avait une rencontre sous le thème des réfugiés et des personnes déplacées. Parmi les invités, il y avait Smail Chergui, commissaire de l'UA pour la paix et la sécurité. Il a commencé son discours avec des généralités sur l'Afrique. L'une des personnes présentes représentant le Front Polisario l'a alors invité à parler du Sahara et rappeler ce que l'UA a fait dans le cadre de ce dossier. L'Algérien lui a répondu en rappelant la conclusion du Sommet de Nouakchott, tout en évoquant son espoir de voir les Sahraouis accéder à l'autodétermination. Nous avons demandé un droit de réponse, chose que le président de la réunion, un Namibien a refusé. Nous avons donc protesté. Comment avez-vous réagi face à cette situation ? Nous avons rappelé que l'UA a pris une décision lors du Sommet de Nouakchott pour inviter le Conseil de la sécurité et de la paix (CSP) à ne plus aborder la question du Sahara. Nous avons rappelé aussi que le Maroc est revenu au sein de l'organisation pour le développement du continent. Troisièmement, nous avons exposé les deux derniers accords signés entre le Maroc et l'Union européenne, qui incluent le Sahara. Nous avons veillé à ce que les personnes présentes prennent aussi en compte la proposition marocaine d'autonomie du Sahara. Mais malgré le peu de temps de réponse arraché, il n'y a pas eu de traduction en langue étrangère de nos propos. Finalement, Smaïl Chergui a quitté la salle. Il était censé prendre part le lendemain à une autre réunion mais il n'y a pas assisté. Il aurait confié à certains qu'il ne participera pas tant qu'une délégation marocaine serait présente. Lors de la réunion, nous avons estimé que le président n'est pas démocratique et ne mérite pas d'être à la tête d'une réunion de l'UA. Nous avons rédigé à la fin de la rencontre, une lettre pour dénoncer ces incidents. Le Parlement panafricain nous a assuré qu'il enquêtera sur ces faits. Comment évaluez-vous la participation du Maroc à cette rencontre ? Nous avons pu mettre en avant le fait que les Sahraouis de Tindouf ne sont pas des personnes déplacées mais des personnes séquestrées et retenus contre leur gré en terre algérienne. Dans son communiqué final, nous ne pouvons que nous féliciter que le Parlement panafricain ait demandé à ce que tous les réfugiés sur le continent soient recensés, ce qui est une première. D'ailleurs, lors de la rencontre, le représentant du Haut-commissariat aux réfugiés (HCR) a rappelé que dans les camps de Tindouf, ses représentants sont interdits de procéder au recensement de la population. Le bilan de notre participation reste positif. Des élus africains, même ceux issus de pays hostiles au Maroc, ont exprimé leur volonté de se rendre au Sahara pour constater les divergences avec les thèses véhiculées par le Polisario et l'Algérie.