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Maroc : Face aux grondes sociales, le ministre de l'Intérieur joue le libéro
Publié dans Yabiladi le 18 - 04 - 2019

Cette semaine, des sources médiatiques rapportent que le ministère de l'Intérieur prendra en charge le dossier des enseignants contractuels après l'échec essuyé par Said Amzazi, ministre de l'Education nationale, pour trouver une issue à la crise qui secoue le secteur. Un retour en force du ministère de l'Intérieur commenté par Omar Cherkaoui, Abderrahim Elalam et Abdesamad Belkebir.
Ce jeudi, des sources médiatiques ont annoncé que le ministère de l'Intérieur prendra en charge le dossier des enseignants contractuels au moment où ces derniers comptent reprendre leur grève nationale suite aux déclarations de Said Amzazi, ministre de l'Education nationale. Un constat qui n'est pas sans rappeler les rounds du dialogue social avec les syndicats les plus représentatifs menés depuis quelques semaines par le ministère de l'Intérieur.
Cette mesure renforce donc l'image d'un ministère marocain de l'Intérieur omnipotent disposant d'une plus grande marge de manœuvre que le gouvernement lui-même. «Le ministère de l'Intérieur peut intervenir dans des dossiers qui dépassent les autres ministères», nous explique ce jeudi le politologue et professeur universitaire Omar Cherkaoui. Pour lui, «le dossier de l'éducation nationale a des répercussions sécuritaires liées aux manifestations dans l'espace publique ou encore des liens avec la stabilité». «Le ministère ne peut qu'être impliqué dans ce dossier», justifie-t-il.
«La Constitution n'a pas mis fin à l'autorité de ce département ni à l'adage de ''mère des ministères''. Il l'est toujours, d'abord compte tenu de la personnalité à la tête de ce ministère technocrate, indépendant des orientations politiques. Il est donc loin des calculs polito-politiques qui peuvent naître entre les formations politiques et impactent ainsi la décision des ministres appartenant à des partis.»
Omar Cherkaoui
L'Intérieur, «Joker du gouvernement»
Rappelant que «les walis et les gouverneurs président la coordination des différents secteurs gouvernementaux dans les régions», le politologue pointe «l'efficacité du ministère de l'Intérieur».
Toutefois, il met en évidence un problème de confiance : «Certains pensent que les ministres n'ont pas le pouvoir décisionnel et que le dialogue avec eux ne donnera pas de résultats. Le ministère cumule une légitimité pour parler au nom du gouvernement», nous explique-t-il, notant que «ce ministère devient ainsi le Joker du gouvernement».
Omar Cherkaoui souligne aussi les «répercussions dangereuses» d'une telle mesure quant «aux prérogatives du chef du gouvernement et l'aspect politique de l'exécutif dans la mesure où un technocrate mène les réformes que l'acteur politique est censé mener».
«Aujourd'hui, le gouvernement veut à tout prix résoudre les crises au grand dam de son aspect politique ou les prérogatives du chef du gouvernement. Si, sur la forme, le gouvernement peut affirmer qu'il s'agit d'un membre du gouvernement, sous l'autorité du chef du gouvernement, sur le fond toutefois, il est clair que les prérogatives du ministère de l'Intérieur sont plus larges et plus efficaces que celles du chef du gouvernement.»
Omar Cherkaoui
L'Intérieur devient «plus grand» que le gouvernement
Pour sa part, le politologue et professeur à l'Université Cadi Ayyad de Marrakech, Abderrahim El Allam rappelle des propos tenus par Abdelilah Benkirane, ancien chef du gouvernement. «Une fois, les enseignants stagiaires étaient venus dans un meeting du PJD animé par Abdelilah Benkirane qui leur avait dit : 'Sollicitez l'Etat !'. Benkirane avait dit dans une autre rencontre : 'si tu as la bénédiction du ministère de l'Intérieur, tu ne manqueras de rien alors que si le ministère n'est pas satisfait de toi, tu ne sauras où aller'», nous déclare-t-il.
Pour lui, «le département de l'Intérieur au Maroc n'est pas un ministère ordinaire ; c'est un ministère au-dessus de tous les autres ministères». «Les gens font confiance au ministère de l'Intérieur, un ministère souverain, indépendant des partis politiques et à qui on ne peut refuser une quelconque demande, surtout celui du dialogue», enchaîne le politologue.
«Les syndicats qui avaient refusé l'appel au dialogue d'El Othmani ont répondu présent à l'appel d'Abdelouafi Laftit. C'est une pratique ayant été entériné par le gouvernement et par les partis, les syndicats et les associations qui conforte l'image d'un exécutif inférieur au ministère de l'Intérieur.»
Abderrahim El Allam
Mais Abdelaoufi Laftit commence déjà cette mission avec les contractuels avec un handicap. Selon Abderrahim El Allam, «le ministre de l'Intérieur alors Wali de Rabat s'était engagé à recruter 150 enseignants ayant redoublé et qui, aujourd'hui continuent de reprocher à l'Etat de ne pas avoir respecté ses engagements». «Tout accord et toute initiative avec les enseignants seront marqués par une méfiance», avertit-il.
Un retour aux pratiques anciennes ?
«Lorsque l'Intérieur devient plus grand que le secrétariat du gouvernement, cela n'est ni dans l'intérêt de l'Etat, ni les partis politiques ni même les tentatives de transition démocratique au Maroc» met-il en garde, pointant du doigt une mesure susceptible de «saper la crédibilité des institutions, remettre en cause le rôle des élections et porter atteinte au principe de reddition des comptes». «Il faut aussi rappeler que le décret instituant le recrutement par contrat a été signé par Rachid Belmokhtar alors ministre de l'Education nationale et le ministre de l'Intérieur Mohamed Hassad. Donc dès son début, l'Intérieur était impliqué», conclut-il.
Son collègue et professeur à l'université de Marrakech, Abdessamad Belkebir nous rappelle que ce n'est pas une première. «C'est plutôt un emprunt ou un retour aux anciennes pratiques de Driss Basri qui dirigeait réellement les gouvernements précédents et cela a toujours été le cas avec un ministère des ministères», nous déclare-t-il.
Pointant du doigt la «faiblesse du gouvernement» et «son manque d'homogénéité», notre interlocuteur y voit une opportunité pour que ce ministère joue plusieurs rôles à la fois.
«L'intervention du ministère peut être considérée comme une volonté de donner au dialogue un aspect sécuritaire, sans oublier que le département dispose de moyens d'intervention et de sanctions. Peut-être que selon les données dont ils disposent, il y aurait des partis politiques derrières la mobilisation des contractuels. Ils ont peut-être des données dont nous ne disposons pas qui peuvent expliquer cette saisine surtout que la grève des enseignants dépasse les contours d'un mouvement social, ce qui a semble-t-il alerté l'Etat.»
Abdessamad Belkebir
L'ex-USFPiste pense aussi que cette situation pourrait être causé par «les ministres parachutés, sans expérience partisane et sans de base électorale et sociale». «Malheureusement, c'était le cas de presque tous les ministres de l'Education nationale sans poids en dehors de ce qui a été autorisé par l'Etat. Le ministre pouvait disposer d'autres informations et d'autres outils pour négocier», détaille-t-il.
Et Abdessamad Belkebir de conclure en estimant que «l'Etat ne fait que récolter les conséquences du non-respect des règles de travail démocratique».


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