A moins de trois semaines des législatives du 28 avril, le Parti Populaire espagnol a présenté la liste de ses promesses électorales. Au grand dam des partisans du Polisario, le traditionnel appui de sa formation à «l'autodétermination du peuple du Sahara occidental» s'est envolé. Si Podemos a inscrit la reconnaissance de la «RASD» dans son programme électoral, le Parti Populaire (droite classique) a fait montre d'un réel pragmatisme envers le Maroc. La formation de Pablo Casado a proposé, en cas de victoire aux législatives anticipées du 28 avril, de signer un «nouveau traité de bon voisinage, d'amitié et de coopération» avec Rabat. Le PP a ainsi fait siennes les revendications portées par des formations politiques d'opposition à Ceuta à Melilla, ayant une base majoritairement constituée de descendants de la population autochtone de confession musulmane, telles Coalition pour Melilla de Mustapha Aberchan ou Caballas de Mohamed Ali. Le PP s'engage également «à redoubler la collaboration, dans le cadre de la Méditerranée, avec les pays de l'Afrique du nord en vue de consolider la stabilité et le développement, particulièrement avec le Maroc». Casado ignore le Sahara et rompt avec une tradition au PP Le programme électoral du PP, présenté le 8 avril à Barcelone, a totalement ignoré la question du Sahara occidental. Une «rupture» relèvent certains médias ibériques avec une tradition remontant du temps de l'Alliance populaire, l'ancêtre du Parti Populaire, fondée en octobre 1976 par Manuel Fraga, ancien ministre de l'Information et du Tourisme sous Franco. Ses successeurs, José Maria Aznar et Mariano Rajoy, ont tenu lors de chaque élection législative à réitérer la «responsabilité historique de l'Espagne» au Sahara. Pour rappel, en 1979, l'Alliance Populaire s'est engagé à la «défense de l'autodétermination des peuples du Sahara et à l'appui à la résolution des Nations unies», rappelle la publication en ligne tercerainformacion. Et d'ajouter qu'en 1993, le Parti Populaire sous la présidence d'Aznar avait promis d' «appuyer la célébration d'un referendum au Sahara conformément aux résolutions des Nations unies». Un engagement réaffirmé lors des législatives de 1996 : Le dossier doit constituer «une préoccupation importante pour la politique extérieure espagnole». En 2004, Mariano Rajoy est resté fidèle aux orientations de son mentor. Mais au fil des années, il s'est affranchi de la tutelle d'Aznar sur de nombreux dossiers y compris sur celui du Sahara. Aux scrutins de 2015 et 2016, sa formation a réclamé «une solution politique juste, durable et mutuellement acceptée qui prévoit l'autodétermination du peuple du Sahara occidental dans le cadre des dispositions conformes aux principes de la Charte des Nations unies», observe la même source. Autres temps, autres moeurs...