Le président du gouvernement espagnol, M. José Maria Aznar, a introduit des changements au sein de son cabinet pour marquer la transition interne au Parti Populaire après avoir désigné, M. Mariano Rajoy, son successeur comme tête de liste du PP aux prochaines élections. M. Aznar, qui a annoncé en 2000 sa décision de ne pas briguer le troisième mandat à la tête du gouvernement, présidera ce mardi le comité fédéral du Parti Populaire pour ratifier le choix de M. Rajoy et ouvrir la voie devant un exécutif transitoire jusqu'aux prochaines élections législatives. Deux ministres doivent abandonner immédiatement l'exécutif espagnol. Il s'agit de M. Mariano Rajoy, premier vice-président, appelé à diriger le secrétariat général du parti pour préparer les élections générales, et Josep Piqué, ministre de l'Industrie et de la Science, qui a été désigné tête de liste du parti aux élections régionales de Catalogne, en novembre prochain. À partir d'aujourd'hui, l'Espagne connaît une nouvelle expérience de gouvernance avec un système de cohabitation avec M. Aznar, assumant pleinement ses fonctions de chef de l'exécutif jusqu'au dernier jour de son mandat, et M. Rajoy, aux pleines attributions de secrétaire général du parti pour conduire sa formation aux élections, en mars prochain. Le recours au modèle bicéphale permet à MM. Aznar et Rajoy de répartir les rôles au sein du gouvernement et du parti dans le but d'instaurer une transition tranquille au sein du Parti Populaire (PP) sans provoquer de crise politique. M. Aznar (également président du PP) devra ainsi accomplir strictement son agenda international qui comprend une infinité de voyages à l'étranger alors que M. Rajoy doit superviser les préparatifs des élections régionales de Madrid, le 26 octobre (provoquées à la suite de la défection de deux parlementaires socialistes), les élections en Catalogne (novembre) et celles en Andalousie en 2004. Les réunions au siège du Parti Populaire du comité exécutif (111 membres), hier, et du Comité fédéral (450 membres), demain, seront une simple procédure technique de répartition de pouvoirs entre MM. Aznar et Rajoy du fait que depuis plusieurs mois, ce dernier assure la direction des grands dossiers du pays et répondre aux critiques de l'opposition au nom du chef de l'exécutif. Deux questions fondamentales ont permis à M. Rajoy de démontrer ses dons de futur chef de gouvernement: le naufrage du pétrolier "Prestige" en Galice et la crise de l'Irak. Depuis novembre dernier, il a dû intervenir aux séances de contrôle et plénières du parlement pour défendre la gestion du gouvernement et justifier les prises de position de M. Aznar sur la crise irakienne et l'alignement de l'Espagne sur les Etats-Unis et la Grande-Bretagne. Premier vice-président du gouvernement, ministre de la présidence et porte-parole du gouvernement, M. Rajoy encaissait stoïquement les coups de l'opposition pour la position espagnole proaméricaine au plan international et les conséquences du désastre écologique provoqué par le "Prestige". Les réunions des comités de direction du Parti Populaire ratifieront la stratégie finale élaborée par le tandem Aznar-Rajoy et corroboreront le consensus qui caractérise la prise de décision au sein du parti. M. Rajoy a fait partie de tous les cabinets dirigés par M. Aznar, depuis l'arrivée au pouvoir des populaires en 1996. Il était ministre des Administrations publiques, de l'Education, de la présidence du gouvernement, de l'Intérieur et porte-parole de l'Exécutif. Les immigrés se souviennent parfaitement de lui pour avoir durci, durant son passage au département de l'Intérieur, l'application de la loi sur les étrangers. Principal négociateur du statut d'autonomie des villes marocaines occupées de Sebta et Melilla, en 1995 à l'époque des socialistes, il a signé, le 27 juillet 2001, avec M. Abbas El Fassi, alors ministre de l'Emploi, le dernier accord maroco-espagnol en matière d'immigration. Avec la désignation de M. Rajoy, tête de liste du Parti populaire, prendra fin l'étape de M. Aznar qui a consacré la tradition, inaugurée par son prédécesseur M. Felipe Gonzalez, de se retirer de la vie politique active à l'âge de 50 ans. Il a l'avantage d'être accepté par l'opposition comme un interlocuteur modéré de la droite mais il est peu connu au plan international.