La démission de l'ancien ministre sous Aznar, Rodrigo Rato, de la direction du FMI augure de la préparation d'un changement à la tête de la direction du Parti populaire espagnol . Le directeur du FMI, l'Espagnol Rodrigo Rato, a annoncé son intention de quitter son poste à la tête de cette instance monétaire internationale au mois de septembre prochain. Cette démission est motivée, selon une note officielle de l'organisme financier international, par des raisons personnelles de M. Rato qui voudrait consacrer plus de temps à sa famille et à l'éducation de ses enfants. «Mon intention est de renoncer à mon poste de directeur après l'assemblée annuelle de 2007», a dit M. Rato avant de préciser qu'il a choisi d'annoncer sa démission maintenant afin de permettre aux dirigeants du Fonds d'avoir plus de temps pour désigner un successeur. Cette démission a surpris plus d'un observateur des affaires monétaires internationales. Ayant entamé des réformes de fond et une restructuration qui ont été largement saluées, M. Rato était bien parti pour entrer dans l'histoire du FMI comme l'homme ayant pu donner une nouvelle dynamique à l'institution et permis une réorientation de sa mission et de sa manière de faire. Toutefois, en Espagne, la nouvelle n'a pas eu le même effet de surprise. Ancien vice-président du gouvernement et ministre de l'Economie dans le dernier gouvernement dirigé par le Populaire José Maria Aznar, Rodrigo Rato était l'une des figures emblématiques du succès économique des huit ans de gouvernement de la droite. Sa renonciation à un poste international prestigieux a été immédiatement interprétée comme le présage d'un retour sur la scène politique espagnole. En effet, depuis le départ d'Aznar, le Parti populaire (PP) vit une situation délicate puisque son nouveau patron, Mariano Rajoy, n'a pas su montrer une capacité de leadership qui lui permettrait de tenir face au charisme du jeune dirigeant socialiste et chef du gouvernement, José Luis Rodriguez Zapatero. Ayant été choisi comme successeur par Aznar, et ce contre la volonté de la majorité des dirigeants du PP, Mariano Rajoy a toujours été considéré comme l'ombre de l'ancien chef du gouvernement espagnol. Il n'a jamais développé sa propre personnalité politique. Aujourd'hui, à quelques mois des élections générales qui auront lieu, très probablement, la première semaine de mars 2008, le PP ne peut aspirer à faire basculer les choses en sa faveur sans se débarrasser de Rajoy d'abord. Toutefois, les analystes prévoient deux scénarios. Soit, le PP choisit de faire appel à Rodrigo Rato maintenant pour pouvoir affronter les législatives avec une nouvelle direction. Soit, il maintient Rajoy – sachant qu'il ne reste pas assez de temps pour préparer et le changement de direction et les législatives – jusqu'aux élections et procéder alors au changement. En tout cas, le changement à la tête du PP est inévitable sauf si un miracle se produit et Rajoy réussit à gagner les élections de mars 2008. Pour le Maroc, il est nécessaire de commencer à préparer le terrain à une nouvelle approche dans les relations avec le PP. Durant son mandat à la tête du FMI, Rodrigo Rato a pu avoir un regard totalement différend sur le Maroc. Il a vu autrement tous les efforts déployés par le Royaume pour rattraper le temps perdu et construire un Etat moderne et prospère. Que l'alternance en Espagne se produise en 2008 ou en 2012, le PP, avec M. Rato, ne traitera pas avec le Maroc de la même manière et avec la même légèreté que du temps d'Aznar.