Tout comme en 2010, la presse et des politiques nationaux affichent une satisfaction quant au «ralliement à la mère patrie», opéré par 12 membres du Front Polisario. Mais ces «défections» ne sont pas sans rappeler les tristes événements de Gdeim Izik. Après le «capitaine rebelle» ayant regagné le Maroc le 18 mars dernier, laissant derrière lui son véhicule et sa carte d'identité, c'est au tour de 12 autres membres du Polisario de lui emboîter le pas. Présentés par certains médias comme des «activistes» ayant fui les camps de Tindouf, ils ont été accueillis par une unité des Forces armées royales (FAR) stationnée au niveau du mur de sécurité, du côté de Mahbess. Pour entrer au Maroc, ces membres du Polisario n'avaient qu'à scander des «vivats à l'adresse du roi», explique Le360. Si pour le moment, ils sont accueillis avec satisfaction, ces retours sont à prendre avec une extrême prudence. En effet, les conséquences de la vaste opération de ralliement à la «Mère Patrie», orchestrée en 2010 depuis le camp Rabouni, sont encore présentes dans la mémoire collective des Marocains et surtout pour les familles et les proches des 11 membres des forces de l'ordre tués, lors du démantèlement du camp de fortune Gdeim Izik près de Laâyoune. Ce camp est né au lendemain du ralliement de plusieurs éléments du Polisario, en réponse à l'appel «la patrie est clémente est miséricordieuse». Le spectre de Gdeim Izik Au début de 2010 et pendant plusieurs mois, des centaines de Sahraouis des camps de Tindouf avaient regagné le Maroc. A l'époque les médias et les politiques marocains évoquaient alors un «Polisario en débandade» ou «en déroute». Certains étaient même allés jusqu'à prédire la «fin du mouvement séparatiste». Des analyses qui s'étaient heurtées au bourgeonnement du camp de Gdeim Izik, puis son démantèlement qui a conduit à l'assassinat de 11 éléments des forces de l'ordre. Depuis, les responsables marocains ont tiré les leçons de cet indicent tragique en mettant en place un contrôle strict des demandes des sahraouis des camps qui souhaitent retourner au royaume. Comme il y a neuf ans, le Polisario parie toujours sur ce qu'il appelle une «intifada» (révolte) dans les grandes villes du Sahara. C'est même l'une des cartes favorites de Bachir Mustapha Sayed, le «ministre des territoires occupés» du Polisario. Il espère l'appuie des associations locales pour «mettre la province à feu et à sang». Mais pour se faire, comme à Gdeim Izik, il aura besoin d'individus entrainés à l'affrontement. Au-delà du satisfecit médiatique, la vigilance des services de sécurité sur les récents ralliements doit rester la priorité.