Le camp Gdeim Izik, dressé calmement à l'origine par une poignée de jeunes Sahraouis de Laâyoune, dont l'objectif était de faire aboutir des revendications sociales, avait été finalement contrôlé par "des bandes de trafiquants" et "un noyau dur du polisario", affirme, lundi, +Le Figaro+. Dix jours plus tard, "il y avait des familles, heureuses de retrouver la vie dans le désert et les coutumes ancestrales sahraouies (...) et tous ceux attirés par cette perspective de décrocher une aide de l'Etat", mais "aussi des bandes de trafiquants équipés de 4x4, et un noyau dur du polisario", écrit le quotidien français dans une correspondance de son envoyé spécial à Laâyoune. "Ce sont ces deux derniers groupes qui avaient pris le contrôle du camp", en bloquant le dialogue avec les autorités locales et se livrant ensuite à des émeutes dans la villes, souligne le journal. "Le polisario avait de plus en plus la main sur le camp, on ne pouvait plus attendre et on a alors réfléchi à la solution forte", celle du démantèlement, indique, au quotidien, le wali de Laâyoune-Boujdour-Sakia El Hamra, Mohamed Jelmous. Images et témoignages à l'appui, l'envoyé spécial du +Figaro+ souligne que l'opération de démantèlement du camp, "conduite avec maîtrise", le 8 novembre dernier, a permis à 3.000 membres des forces de l'ordre d'évacuer un camp de 6.000 personnes, "sans l'utilisation d'armes létales". "Les images disponibles et les divers témoignages permettent de penser, à l'instar du chef de la Minurso, la mission de l'ONU sur place, Hany Abdel-Aziz, qu'+il n'y a pas eu d'utilisation d'armes létales+", écrit le journaliste. Les forces de l'ordre utilisaient "canons à eau, tirs de gaz lacrymogènes, matraques et véhicules pour gagner du terrain en renversant les tentes..., alors que des jeunes du camp répliquaient par des jets de pierre et de cocktails Molotov, blessant mortellement des policiers", ajoute-il. "Après, les autorités ont été débordées. Des bandes d'émeutiers sahraouis, très mobiles, ont, lundi dernier à compter de 8h30, pris possession de la ville, incendiant des centaines de voitures et des dizaines de bâtiments dans différents quartiers. L'avenue Smara est toujours marquée par des immeubles aux vitres brisées ou calcinées", constate le quotidien. Selon lui, "le bilan des violences est, lui, toujours l'objet d'une bataille de communiqués entre le Maroc et le front polisario parrainé par l'Algérie". Si "les autorités marocaines, noms à l'appui, avancent le chiffre de dix morts parmi leurs forces de l'ordre et celle de deux civils sahraouis", "les chiffres du polisario, qui ont varié tout au long de la semaine, n'ont, eux, toujours pas été étayés", relève le quotidien. Par ailleurs, dans un témoignage recueilli par le journal à Laâyoune, un ex-journaliste de "la radio du polisario", Hamadou Hafed, ayant rallié en avril dernier la mère-patrie, affirme que "tout le monde veut quitter Tindouf pour venir ici", au Maroc. +Le Figaro+, qui met en exergue l'exode massif des populations sahraouies qui quittent les camps de Tindouf pour rallier le Maroc (exactement 1.652 selon les chiffres officiels en 2010), n'exclut pas que des éléments du polisario aient "infiltré le flot des ralliés arrivés à Laâyoune" et qui auraient pris le contrôle du camp. "J'en connais au moins quinze, mais après les émeutes, ils sont repartis pour Tindouf", affirme au journal Hamadou Hafed.