Le Maroc célèbre ce mercredi à l'instar de la communauté internationale, la sixième Journée Internationale anti-corruption, sous le thème « Ne laissons pas la corruption tuer le développement ». Cette journée a été créée par les Nations-Unies (ONU) à l'occasion de la signature de la convention anti-corruption (UNCAC) le 9 décembre 2003. Après 3 ans d'efforts de 129 pays pour agir contre la corruption au niveau mondial, l'Assemblée générale de l'ONU a adopté la résolution 58/4 le 31 octobre 2003, avant de signer la convention quelques semaines plus tard. Selon Transparency International (TI), « la corruption est l'abus de pouvoir (public ou social) reçu en délégation à des fins privées voire individuelles ». La corruption est devenue un désastre mondial en l'espace de quelques années, un fléau difficile à déceler car il laisse rarement ses traces de préjudices directs visibles. Ainsi, depuis 2003, l'ONU s'est engagée dans la bataille. Dans son message à la communauté internationale à l'occasion de cette journée, le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, a exhorté « tous à adhérer à la campagne (www.yournocounts.org) de lutte contre la corruption lancée par l'ONU » et à « ne jamais accepter, ni offrir de rétribution illégale ». Au Maroc, la situation se dégrade. Le Maroc a été classé 89e sur 180 pays par TI dans son rapport 2009 sur l'Indice de Perception de la Corruption (IPC). De 1999, année où le Royaume a été inclus dans l'IPC selon Azeddine Akesbi, secrétaire général adjoint (SGA) de la section locale de TI, à 2009, le Maroc a perdu 44 places. Nous avons justement rencontré Azeddine Akesbi, l'un des SGA de Transparency Maroc (TM) qui existe depuis 13 ans. D'après Azeddine Akesbi, pour lutter contre la corruption, TM a élaboré depuis plusieurs années, une stratégie nationale que l'association a présentée au gouvernement. Mais il a fallu attendre 2007 pour que l'exécutif marocain adopte un plan d'action de lutte contre la corruption. La même année, le Maroc a ratifié la convention des NU. TM est aussi à l'origine de l'initiative de la création de l'Instance centrale pour la prévention de la corruption (ICPC). Sur le plan de la mobilisation, la sensibilisation est la principale activité de TM. Elle se fait à tous les niveaux, notamment en partenariat avec l'Education nationale. L'organisation a établi un système national d'intégrité. Il s'agit d'un diagnostic de l'exécutif, le législatif, la justice, les médias de masse... Elle a également demandé une loi règlementant l'accès des citoyens à l'information publique, qui est un moyen fondamental pour booster la lutte contre la corruption. De même, des travaux ont été réalisés avec dix associations importantes de la société civile. Ces collaborations ont abouti sur des propositions d'un mémorandum sur la reforme de la justice. Toutefois, « la volonté réelle politique doit se manifester pour avancer en matière de lutte contre la corruption », a rappelé Azeddine Akesbi. Dans le passé, il y a eu beaucoup de discours forts sans actions concrètes. La justice a été parfois saisie (affaire CNSS et CIH) mais il n'y a pas de suite. « Il faut avancer en terme de dépassement de l'impunité, de l'établissement de l'état de droit, et d'exprimer une volonté réelle de reforme de la justice, qui, elle-même, est largement affecté par la corruption, sinon on risque de ne pas avancer sérieusement », a ajouté Azeddine Akesbi. Enfin comme conseil, ce dernier a rappelé qu'il est « parfois très difficile de résister à la corruption (...) mais sans cette résistance des citoyens, il est difficile d'agir également ». Ainsi, son association s'attèle énormément à la sensibilisation et à l'éducation surtout à la base. Ibrahima Koné Reportage :