Le renouvellement de l'accord de pêche Maroc-UE, qui n'attend plus que l'aval du parlement européen, semble en bonne voie. La commission de la pêche du parlement a rendu un verdict positif, à l'issue d'un vote serré. Les opposants n'ont pas dit leur dernier mot. Un communiqué du Parlement européen, daté du 22 novembre, annonce que la commission de pêche a voté ce mardi en faveur de la prorogation de l'accord Maroc-UE, en négociations depuis de longs mois. En juillet dernier, le Conseil européen avait en effet approuvé la prolongation jusqu'en février 2012 dudit accord, et avait invité le Parlement à faire pareil. L'accord de pêche a réuni 12 voix pour, et 8 contre. Selon la commission, le vote en séance plénière au parlement, qui doit se tenir entre le 12 et le 15 décembre prochain, devrait également être favorable. Au cours de ce vote, les contours du nouveau partenariat ont été précisés. Le Maroc délivrera 119 licences de pêche aux navires européens, et augmentera de 60 000 tonnes leurs quotas sur l'exploitation des sardines, maquereaux, chinchards, et anchois. En retour, l'UE versera une contrepartie de 36,1 millions d'euros, dont 13,5 serviront au développement de la «pêche responsable», précise le communiqué. Si le parlement donnait son accord définitif, l'accord serait prolongé jusqu'au 27 février prochain. Quid du Sahara ? S'il est surtout question de poisson et d'argent, l'accord de pêche revêt également un aspect politique des plus délicats, notamment la question du Sahara. En mai dernier, Catherine Ashton, la chef de la diplomatie européenne, avait estimé que l'administration de facto exercé par le Maroc sur les territoires du Sahara lui conférait le droit d'inclure ceux-ci dans l'accord de pêche. Cependant, plusieurs eurodéputés avaient exprimé leur malaise face à cette situation, et demandé une clarification de la légalité d'un accord par lequel le Maroc ouvre aux pays européens l'exploitation des eaux d'un territoire en contentieux. Si le parlement européen s'était opposé à la demande de plusieurs députés d'en référer à la Cour européenne de justice, le Maroc avait été appelé à démontrer que l'accord bénéficiait aussi aux populations sahraouies. Un test réussi par le Maroc. Rien ne devrait donc, a priori, empêcher un vote favorable du Parlement européen en décembre. Le Polisario ne l'entend pas de cette oreille. Mohamed Sidati, représentant de l'organisation séparatiste, a estimé que la décision de la commission de pêche était «malheureuse», et appelé le Parlement à «faire ce qui est correct» lors du vote en plénière, rapporte l'agence de presse espagnole EFE. Les autres «anti-accord» n'ont pas dit leur dernier mot Certes pour des raisons différentes, le Polisario n'est pas le seul à avoir à redire sur la prorogation de l'accord de pêche. Carl Haglund, eurodéputé finlandais, avait conclu dans un récent rapport, que ce partenariat entre le Maroc et l'UE n'était rentable pour aucun des deux partis. Il estimait en effet que l'Europe n'en retirait pas des bénéfices à la hauteur de ce qui était investi, et que les navires européens se livraient à une surexploitation des espèces halieutiques. Alors que ses arguments n'ont visiblement pas trouvé d'écho favorable auprès de la commission de pêche, l'eurodéputé espère se faire convaincre lors du vote en plénière. «De nombreux députés de cette commission ont le sentiment que cet accord n'est pas satisfaisant et nous continuerons de travailler sur le dossier dans la perspective d'un vote en plénière», a-t-il déclaré ce mardi.