Mes pensées vont désormais à ceux qui vivent dans l'enclavement réel, loin des routes, des passeurs et qui ne trouvent pas d'associations qui se battent pour eux. Quand je me suis mobilisé cette fois-ci encore pour les élèves qui habitent les montagnes, afin de leur procurer des habits chauds, j'ai repris conscience de l'étendue de la tâche et du nombre important de ceux qui ne reçoivent aucune aide. Le fait d'arriver malgré le froid et la complexité de la route à pouvoir distribuer des manteaux, bonnets, gants, chaussures et chaussettes à quelques-uns, ne retire en rien la pensée douloureuse que j'ai ressentie pour ceux qui ne reçoivent rien et doivent lutter contre le froid avec peu de choses. Quand on prend la route de Marrakech vers Ouarzazate, à un moment les virages commencent, de plus de plus intenses et de plus en plus serrés. Et quand on dépasse Ait Ourir, on peut bifurquer à droite ou à gauche pour plonger dans les vallées, au cœur du Haut Atlas. On arrive au bout d'une demi-heure dans le chef-lieu de Tighdoine. Jusque dans les années 90, c'était la fin de la route. Des travaux de désenclavement ont abouti à la mise en place d'une piste que ne pouvait prendre que les valeureux 4x4 Defender. Et ce n'est qu'en 2014 que cette piste a été élargie et couverte d'asphalte grâce à la mobilisation de certains habitants et un apport des autorités. J'ai emprunté cette route jusqu'à son aboutissement dans le village d'Ansa. Et sur la route nous avons pu distribuer les affaires aux élèves recensés par une association locale à six classes d'élèves, presque deux ans. C'était sympathique pour nous et féerique pour eux. Mais il reste cinq villages encore enclavés qui ne sont atteignables que par la marche à pieds ou à dos de mulets. Et c'est justement ceux-ci qui sont les moins bien lotis parce que loin de la route. J'ai promis qu'on ne les oubliera pas et j'attends un recensement des élèves avec âge, sexe et pointures afin de leur apporter un peu de chaleur et ne pas les exclure. De l'autre côté de la route, nous nous sommes rendus dans un internat où on a pu distribuer à 400 élèves. Mais mes pensées vont désormais à ceux qui vivent dans l'enclavement réel, loin des routes, des passeurs et qui ne trouvent pas d'associations qui se battent pour eux.