Dans une interview accordée le 23 janvier à la chaîne qatarie Al Jazeera, Nasser Bourita a laissé entendre que le Maroc a émis des réserves quant à la récente tournée dans des pays arabes de Mohammed Ben Salmane. Jeudi, la chaîne saoudienne Al Arabiya a relayé ce qui semble être la réaction de l'homme fort d'Arabie saoudite. L'Arabie saoudite de Mohammed Ben Salmane a fini par riposter à l'interview accordée par le chef de la diplomatie marocaine, Nasser Bourita à la chaîne qatarie Al Jazeera. Les autorités saoudiennes ont choisi la chaîne Al Arabiya pour remplir cette mission. A l'occasion du briefing du 29 janvier d'Horst Köhler devant les membres du Conseil de sécurité sur la «table ronde» de Genève des 5 et 6 décembre, le média saoudien a tiré à boulets rouges sur la position du Maroc quant au dossier du Sahara occidental. Avec un reportage réalisé entièrement par la technique du «Motion Design», Al Arabiya a préféré montrer des chars au milieu du désert, sans le moindre signe de développement dans la province. La courte vidéo présentant le conflit a même mis sur un même pied d'égalité le royaume et le Front Polisario, n'hésitant pas à évoquer la «République arabe sahraouie démocratique». Ben Salmane expérimente la même recette que l'ancien émir du Qatar Un choix éditorial qui en dit long sur l'état des relations diplomatiques entre Rabat et Riyad ces derniers mois. Fini le temps du ferme appui de l'Arabie saoudite à l'intégrité territoriale du royaume. Cette ligne ne devrait pas étonner outre mesure. Il y a une semaine, le club de football Al Hilal, sous l'influence du très controversé Turki Al Sheikh, a publié à nouveau sur son site une carte du Maroc tronquée du Sahara. L'entrée d'Al Arabiya en scène ne semble donc être que la deuxième phase dans la riposte de l'homme fort en Arabie saoudite aux propos de Nasser Bourita. Dans ses déclarations à Al Jazeera, le chef de la diplomatie a révélé que «le Maroc a changé sa participation» au sein de la coalition arabo-islamique, sous commandement de l'Arabie saoudite, qui mène depuis mars 2015 la guerre au Yémen. Pire, il a laissé entendre que Rabat a émis des réserves quant à la visite du prince héritier, Mohammed Ben Salmane, lors de sa fameuse tournée de novembre dans certains pays maghrébins (Algérie, Tunisie et Mauritanie) et arabes (Jordanie, Egypte, Bahreïn et Emirats). «Les visites se préparent» et il se peut qu'il y ait un «désaccord sur leur timing et contenu, ce qui est normal», a précisé le chef de la diplomatie marocaine. Ce revirement du royaume wahhabite n'est pas sans rappeler les positions résolument hostiles au Maroc sur la question du Sahara du Qatar sous l'ancien émir Hamad Ben Khalifa Al Thani. A l'époque, Al Jazeera déroulait le tapis rouge aux cadres du Front Polisario. Ben Salmane semble expérimenter la même recette pour adresser ses messages à Rabat. Article modifié le 2019/02/01 à 17h40