D'après une étude de l'université d'Oxford, la législation britannique contre les discriminations au logement et sur le marché du travail n'a pas porté ses fruits. Une précédente étude avait également montré que les villes postindustrielles britanniques étaient plus propices au développement d'idées extrémistes. Les discriminations sur le marché du travail à l'encontre des minorités ethniques au Royaume-Uni demeurent à des niveaux inchangés depuis la fin des années 1960. Une étude menée par des chercheurs du Center for Social Investigation du Nuffield College, à l'université d'Oxford, consultée en exclusivité par The Guardian, a révélé que les candidats issus des minorités ethniques, notamment les personnes d'origine pakistanaise et de l'Asie du Sud, devaient envoyer 80% de demandes en plus pour obtenir une réponse positive de la part d'un employeur par rapport à une personne perçue comme blanche et d'origine britannique. L'étude, qui s'inscrit dans un projet transnational financé par l'Union européenne, fait état de l'échec de la législation relative à la lutte contre la discrimination raciale. Elle fait écho aux conclusions publiées dans la série «The Guardian's Bias in Britain», selon lesquelles les personnes issues des minorités ethniques se heurtent également à des discriminations lorsqu'elles recherchent des logements. Une enquête sur des annonces de colocation en ligne a ainsi constaté qu'un candidat prénommé Muhammad était nettement moins susceptible de recevoir une réponse positive qu'un candidat répondant au prénom de David. Alors que les candidats originaires d'Europe occidentale et des Etats-Unis étaient traités presque aussi bien que le groupe majoritaire, les personnes d'origine pakistanaise devaient présenter 70% de demandes en plus. Les chiffres sont encore plus élevés pour les individus d'origine nigériane et de la région Moyen-Orient et Afrique du Nord (MENA), à hauteur de 80% et 90% respectivement. Les villes postindustrielles, terreau fertile à la montée de l'extrême droite Pour Zubaida Haque, directrice adjointe d'un think tank de réflexion sur l'égalité raciale, ces chiffres indiquent qu'«il ne faut pas seulement s'inquiéter du racisme dissimulé ou des préjugés inconscients ; c'est un racisme manifeste et conscient, où les candidats sont sélectionnés sur la base de leur origine ethnique ou de leur nom». Les chercheurs ajoutent que les niveaux élevés de discrimination à l'égard des populations émanant de pays à majorité musulmane rappellent «les fortes attitudes antimusulmanes enregistrées dans les récentes enquêtes». En octobre dernier, le think tank «Hope not Hate» avait révélé dans une étude menée sur six ans que les positions d'extrême droite et anti-islam prenaient racine dans les villes postindustrielles du Royaume-Uni. L'enquête mettait en effet en garde contre une montée potentielle de ce genre de positions. L'étude avait pour objectif de «comprendre les facteurs de la peur et de la haine» en Angleterre, au Pays de Galles et en Ecosse, selon les données disponibles dans ces deux derniers pays. Il mettait en lumière l'ampleur souvent criante des scissions géographiques entre personnes aux attitudes différentes, l'opposition à l'immigration et au multiculturalisme étant étroitement liée au dénuement socio-économique.