Les Arabes musulmans des Etats-Unis constituent la minorité ethnico-religieuse la moins populaire du pays, selon un sondage publié, la semaine dernière, par l'Institut américano-arabe. Cette impopularité, qui procède autant du racisme que de l'ignorance, est plus marquée chez les partisans âgés du candidat républicain à la présidentielle, Mitt Roomney, qu'au sein de l'électorat plus jeune de Barak Obama. Il ne fait pas bon être arabe et musulman par les temps qui courent aux Etats Unis. Selon le dernier sondage réalisé par l'Institut Américano-arabe (Arab American Institute, l'AAI) intitulé «La fracture américaine : Comment nous voyons les Arabes et les musulmans », publié jeudi 23 août, parmi toutes les religions et groupes ethniques de la société américaine, arabes et musulmans sont les plus mal aimés. L'enquête montre que si plus de 7 Américains sur 10 ont une disposition favorable envers les protestants, les catholiques et les juifs, ils sont, par contre, moins de 5 sur 10 à avoir une inclinaison positive à l'endroit des Arabes, des musulmans, des Arabes américains, et des Américains musulmans. L'islam est la seule religion de l'étude à recevoir une sanction défavorable nette, avec un score de 40% d'Américains qui s'y déclarent favorables contre 41% défavorables. Clivage partisan, différences générationnelles, raciales et impact sur les perceptions La scission partisane entre démocrates et républicains est très clivante sur cette question. Si les électeurs pro-Obama se déclarent à 51% favorables et à 29% défavorables aux Arabes, côté Romney, c'est tout l'inverse puisque 50% s'y déclarent défavorables contre 30% favorables. L'appartenance générationelle est également significative pour comprendre quels sont les Américains défavorables aux musulmans et aux arabes. Alors que 50% des jeunes votants qui ont entre 18 et 29 ans ont une opinion positive à l'égard des arabes et/ou musulmans, les votants qui ont plus de 65 ans font montre d'une antipathie singulière pour la personne arabe ou musulmane : 43,5% y sont défavorables. Cette mauvaise perception globale a évidement une incidence sur l'acceptation des Arabes et musulmans Américains en tant que citoyens à part entière. Lorsque les enquêteurs leur ont demandé de décrire leur attitude si un Arabe Américain était désigné au gouvernement, 54% des électeurs d'Obama expriment leur confiance quant à la capacité de cet homme ou de cette femme à bien faire son travail. Côté Romney, c'est tout l'inverse, six électeurs républicains sur 10 craignant que cette personne laisse «sa religion influer sur sa capacité à prendre des décisions». Ils sont seulement 2 sur 10 à la croire capable de faire correctement le job. Lorsque le racisme se mêle à l'ignorance … Pour James Gozby, dans une tribune publiée sur le site de l'Huffington Post, «la suspicion et l'attitude défavorable à l'encontre des arabes et musulmans trouvent leurs origines dans le racisme et l'ignorance». Pour lui, l'opinion publique américaine a «été clairement impactée par la campagne hostile menée contre les arabes et musulmans durant les dernières années.» L'actuelle campagne électorale pour la présidence, s'est caractérisée par une succession d'évènements à forte consonnance islamophobe comme, entre autres : la polémique alimentée par le camps républicain autour de la construction d'un centre communautaire islamique près de «Ground Zero», les efforts déployés par 24 Etats pour faire passer une loi visant à bannir la charia, ou encore l'appel à la mise en place d'un serment de loyauté spécifique aux musulmans qui voudraient occuper une place au sein du gouvernement américain. Comme le démontre le sondage de l'AAI, cette hostilité plonge ses racines dans l'ignorance. Six Américains sur dix prétendent ne connaitre ni Arabes ni musulmans dans leur entourage ce qui ne les empêche pourtant pas d'avoir, en majorité, une mauvaise opinion de ces personnes : 42% leurs sont défavorables. A l'inverse, lorsqu'ils déclarent connaitre un arabe ou un musulman dans leur entourage, les Américains sont près de 6 sur 10 à avoir une opinion positive des Arabes et/ou des musulmans. Cela confirme donc l'équation du réalisateur américain Michael Moore quand il dit : «l'ignorance mène à la peur, la peur mène à la haine et la haine conduit à la violence.»