Barack Obama et Mitt Romney ont abordé dimanche le sprint final de la présidentielle américaine pour tenter de convaincre les derniers indécis et mobiliser leurs troupes à 24H heures d'un scrutin dans lequel ils font quasiment jeu égal. Le démocrate et le républicain ont poursuivi leur course effrénée lors de l'avant-dernier jour de campagne alors que les sondages donnent un tout petit avantage au président sortant dans les Etats pivots. Après des mois de spots publicitaires et d'attaques réciproques, parfois acerbes, les deux candidats ont simplifié leur message à l'approche du verdict: chacun s'est posé comme le meilleur recours pour résoudre la crise économique et sortir le pays d'un profond clivage politique. Tous deux ont également appelé leurs partisans, mais aussi les électeurs qui hésitent encore, à se rendre aux urnes en se posant la question du bon choix. "Cela dépend de vous. C'est vous qui avez le pouvoir", s'est exclamé Obama devant 14.000 personnes rassemblées dans les rues de Concord dans le New Hampshire, Etat où la tendance demeure incertaine. "C'est vous qui allez déterminer les décisions qui seront prises pour ce pays pendant les décennies à venir. C'est maintenant, dans les deux jours qui viennent", a ajouté Obama. A Des Moines dans l'Iowa, Romney a demandé à ses partisans d'aller voter, mais aussi de convaincre les indécis ou les déçus de la présidence Obama de le soutenir. Lors d'une étape dans l'Ohio, il a lancé: "faites en sorte que tout le monde aille voter". Le candidat du Grand Old Party s'est à nouveau posé en champion du changement et de la réconciliation politique entre les deux principales formations du pays. "Accomplir un changement réel n'est pas simplement une chose que je propose. C'est une chose que j'ai faite. C'est une chose que je ferai quand je serai président des Etats-Unis", a-t-il proclamé lors du meeting de Des Moines. Les enquêtes d'opinion continuent de donner un court mais persistant avantage à Obama dans l'Ohio, le Wisconsin, l'Iowa et le Nevada, ce qui serait suffisant pour obtenir 270 votes au collège électoral et compenser un revers dans d'autres Etats. "Cela se joue à trois fois rien. C'est extrêmement serré mais les choses semblent plus favorables à Obama", a commenté Julia Clark d'Ipsos. Malgré tout, le camp démocrate demeure prudent et admet que si victoire il y a mardi, elle ne sera pas de l'ampleur de celle de 2008. "Les choses se passent bien", a dit David Axelrod, conseiller d'Obama. "Elles se passent suffisamment bien pour que nous gagnions cette élection". ELARGIR LE TERRAIN ELECTORAL Les votes par anticipation montrent une faible mobilisation dans les Etats où Obama doit réussir un bon score et une forte mobilisation dans les Etats où Romney a l'avantage, note Rich Beeson, conseiller politique du candidat républicain. Une enquête dans quatre Etats clés donne les deux candidats à égalité en Floride et dans le Colorado, une avance non significative (un point) d'Obama en Virginie mais une avance plus substantielle (quatre points) dans l'Ohio. Au vu des résultats des sondages des derniers jours, ce dernier Etat semble incliner en faveur du président-candidat. Si Obama peut se permettre de perdre l'Ohio, en revanche Romney devra y compenser sa défaite en raflant un autre Etat qui jusqu'à présent penchait en sa défaveur. C'est ce calcul qui l'a incité à faire une halte dimanche en Pennsylvanie, région qui n'a pas soutenu un candidat républicain depuis 1988 mais où il espère renverser la tendance en mobilisant les voix des électeurs indépendants. "Le peuple d'Amérique doit comprendre que nous allons reprendre la Maison blanche parce que nous allons gagner la Pennsylvanie", a lancé le républicain à quelque 30.000 partisans réunis à Morrisville dans la banlieue de Philadelphie. Au cours des dernières semaines, Romney a non seulement parcouru les Etats bascules mais il a élargi le terrain électoral en se rendant dans des régions où il possède peu de chances de l'emporter. "Nous avons consacré du temps au cours des dernières semaines à élargir la carte électorale", a expliqué Kevin Madden, conseiller de la campagne républicaine, au cours d'un déplacement vers Cleveland dans l'Ohio. La Pennsylvanie "est un de ces Etats qui est apparu juste après le premier débat et il se présente comme une formidable opportunité", a-t-il expliqué. Madden a écarté l'idée que la visite de Romney intervenait trop tard ou qu'elle était trop courte. Selon lui, la Pennsylvanie reste gagnable car contrairement à l'Ohio ou à la Floride il n'y a pas de vote par anticipation. Pour l'équipe de campagne d'Obama, cette visite à Morrisville constitue une tentative désespérée car Romney n'est pas parvenu à combler son retard dans les intentions de vote dans les swing states à moins de 48 heures du vote.