Les premiers effets de l'ouragan Sandy se sont fait sentir dimanche le long de la côte est américaine, provoquant des annulations de milliers de vols et l'évacuation de centaines de milliers de personnes à New York et dans certaines zones côtières. Sandy s'est aussi invité dans la campagne présidentielle américaine à neuf jours du scrutin et risque d'affecter la participation dans les Etats de l'Est où le vote anticipé a débuté. A neuf jours de la présidentielle, la tempête chamboule le programme des deux candidats, contraints d'annuler des réunions publiques dans les Etats susceptibles d'être touchés. Le président Barack Obama a annulé ses déplacements lundi et mardi afin de rester à la Maison Blanche et surveiller l'évolution de la situation. Les opérations de vote par anticipation risquent également d'être très perturbées, menaçant le taux de participation, s'est inquiété dimanche le stratège démocrate David Axelrod. Le gouverneur du Maryland (est), Martin O'Malley, a annoncé dimanche que le vote anticipé allait être annulé lundi dans cet Etat en raison des conditions météorologiques. «Nous voulons évidemment un accès sans entraves aux bureaux de vote parce que nous pensons que plus de gens iront voter, meilleur sera notre résultat», a déclaré un proche conseiller de Barack Obama, David Axelrod, dimanche sur la chaîne de télévision CNN. «Et donc dans la mesure où (l'ouragan) complique les choses, c'est une source d'inquiétude», a-t-il ajouté. En Caroline du Nord (est), qui se situe dans le sud de la zone où l'ouragan pourrait frapper, les deux comtés côtiers les plus exposés fermeront leurs bureaux lundi et le vote n'y sera donc pas possible. Les opérations dans les bureaux de vote ont également commencé en Floride et à Washington samedi. Il permet aux électeurs de ne pas attendre le jour de l'élection pour déposer leur bulletin dans l'urne. La Virginie, la Pennsylvanie (est) et le New Hampshire (nord-est), trois Etats très disputés et sur le trajet de Sandy, ne permettent pas le vote anticipé dans des bureaux de vote, mais il y est possible par correspondance sur justificatif. Des retards et incidents dans la distribution du courrier pourraient donc avoir un impact sur le scrutin. L'approche de l'ouragan, qui devrait toucher les côtes tôt mardi matin, a détourné tous les regards aux Etats-Unis, reléguant la campagne électorale au second plan. Suivant la gravité des dégâts et des perturbations, il pourrait avoir un impact décisif dans la bataille très serrée que se livrent les deux candidats dans la dernière ligne droite avant l'élection du 6 novembre. Il est particulièrement crucial pour les démocrates de mobiliser les partisans du président sortant alors que son rival républicain Mitt Romney le talonne dans les sondages. A égalité dans l'Ohio Un sondage publié dimanche réalisé dans l'Ohio (nord), l'un des deux Etats-clés les plus importants avec la Floride (sud-est), donne à Mitt Romney 49% des intentions de vote, à égalité avec Barack Obama, mais il a été réalisé avant le dernier débat, jugé réussi pour le président. Mitt Romney a annulé ses réunions électorales en Virginie dimanche, pour se rendre finalement dans l'Ohio. Il restera lundi dans le Midwest, avec trois déplacements dans l'Ohio, l'Iowa (centre) et le Wisconsin, dans le nord à la frontière canadienne. Barack Obama de son côté a annulé deux déplacements prévus lundi dans l'Ohio et la Virginie (est). Il a avancé à dimanche soir son départ pour la Floride (sud-est), où il tiendra une réunion électorale lundi matin avant de rentrer dans l'après-midi à la Maison Blanche. Le président s'est rendu dimanche à l'agence nationale de gestion des crises (FEMA) et a appelé ses compatriotes à prendre «très au sérieux» le danger potentiel que représente l'arrivée prochaine de l'ouragan. S'agissant des risques de participation plus faibles en raison de la tempête, le président a dit qu'il ne le prévoyait pas «à ce stade». «Mais manifestement il va falloir qu'on se penche là-dessus», a-t-il confié à des journalistes. Pour le sénateur démocrate de Virginie, Mark Warner, s'exprimant sur la chaîne de télévision Fox News, il ne fait pas de doute que «la tempête va causer des dégâts au beau milieu de la course» à la Maison Blanche. Mais les responsables de la campagne de Mitt Romney ne prévoyaient pas dimanche de bouleversement de la course à la Maison Blanche. «Beaucoup de gens ont déjà reçu de nombreuses informations sur les deux candidats, nous pensons avoir bien réussi à diffuser notre message auprès des électeurs», a commenté dimanche Kevin Madden, proche conseiller du républicain, tout en notant qu'il ne voulait pas envenimer la situation en évoquant des considérations électorales. Dimanche dans l'Ohio, le colistier de Mitt Romney, Paul Ryan, a appelé ses partisans à prier pour leurs concitoyens de la côte Est. Les deux campagnes ont suspendu l'envoi de courriels de levée de fonds aux habitants des zones en danger. Évacuation de 375.000 habitants «Superstorm», «Monsterstorm» ou encore «Frankenstorm», en référence à la fête d'Halloween: les médias américains rivalisaient de superlatifs pour souligner la taille et la dangerosité potentielle de la tempête, qui doit se renforcer en rencontrant un front froid du Canada, selon les prévisions des services météorologiques. Ceux-ci s'attendent à ce que l'ouragan touche les terres, sans doute aujourd'hui mardi matin, entre le Massachusetts et la Virginie. Sans attendre, les autorités multiplient les mesures de précaution. A New York, ville la plus peuplée du pays, le maire Michael Bloomberg a ordonné l'évacuation de 375.000 habitants de zones risquant d'être inondées. Le réseau de transports publics, y compris le métro, sera fermé à partir de 19h (1h à Paris). «Suspendre le réseau de transport le plus important d'Amérique du Nord représente un effort monumental» mais qui doit être effectué suffisamment en amont de l'arrivée de l'ouragan, a expliqué le patron de la MTA, Joseph Lhota. Outre le métro, le plus fréquenté du pays, la ville aux huit millions d'habitants a également décrété la fermeture des parcs, des aires de jeux et des plages dimanche après-midi. Plus de 3.000 vols annulés Parcs, aires de jeu et plages seront également interdits au public. Plus de 3.000 vols intérieurs et internationaux ont par ailleurs été annulés pour dimanche et lundi, principalement dans les aéroports new-yorkais, de Washington, et de Philadelphie, selon le site spécialisé flightaware.com. Dimanche, à 20h, heure de Paris, l'ouragan se trouvait à 930 kilomètres au sud de New York et progressait vers le nord-est à la vitesse de 22 km/h, selon le Centre américain de surveillance des ouragans (NHC), basé à Miami. «Il devrait obliquer vers le nord puis le nord-ouest ce soir ou tôt lundi», selon le NHC. Les vents soufflaient à 120 km/h mais devraient se renforcer à mesure que l'ouragan progresse vers des eaux plus froides. Ces vents soufflent jusqu'à plus de 800 kilomètres de l'oeil du cyclone selon le NHC. Une pression atmosphérique de 951 hectopascals -quasi-jamais observée sous ces latitudes quand la pression normale est de 1.015 hectopascals- a par ailleurs été relevée. Un spécialiste de la météo du Washington Post avouait sur le site Internet du journal n'avoir «jamais vu» de pareils prévisions: «On entre là dans un terrain inconnu». Sur les côtes de Caroline du Nord, dimanche, les télévisions montraient des images des îles rases qui s'étirent le long de la côte balayées par les vents, avec de la pluie et une mer démontée. Déjà au moins 66 morts Dans le New Jersey et le Delaware, l'évacuation des zones côtières a été ordonnée face au risque d'inondations, accru par les forts coefficients de marées. Le gouverneur du New Jersey, Chris Christie a aussi décrété la fermeture des casinos d'Atlantic City, le «Las Vegas de la côte est». Dans la plupart des Etats de la côte, les gouverneurs ont décrété l'état d'urgence afin de pouvoir rapidement mobiliser des moyens. A Washington, des sacs de sable ont été disposés autour de certaines bouches de métro tandis que les radios, mettant en garde contre les coupures d'électricité à prévoir, diffusaient des messages expliquant les précautions à prendre. L'ouragan Sandy a déjà laissé au moins 66 morts après son passage dans les Caraïbes.