Le ministre français des affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, veut saisir le procureur de la République à propos d'Alexandre Benalla. Contrairement à ses affirmations sous serment en audition au Sénat le 19 septembre dernier, l'ex-conseiller d'Emmanuel Macron utiliserait encore ses passeports diplomatiques. Selon des informations de Mediapart, confirmées par le journal Le Monde, le concerné voyagerait encore à l'aide de ces documents émis le 24 mai dernier. Une vingtaine de jours avant, l'Elysée a pourtant annoncé sa mise à pied pour son implication dans des violences à l'encontre de manifestants du 1er-Mai. Malgré cette décision, les deux sources affirment que c'est «avec un tel document qu'il a voyagé dans certains pays d'Afrique, en tant que 'consultant' (comme il définit aujourd'hui ses nouvelles fonctions) en novembre et en décembre». De son côté, le ministère de Jean-Yves Le Drian indique que Benalla est toujours en possession de deux passeports diplomatiques «que le Quai d'Orsay lui a demandé à plusieurs reprises de restituer». Par ailleurs, le ministère affirme «avoir demandé par courrier recommandé à deux reprises – en juillet et septembre – la restitution des documents à M. Benalla». «Toute utilisation de ces passeports postérieure à la fin des fonctions qui avaient justifié l'attribution de ces documents serait contraire au droit», souligne-t-il encore, cité par Le Monde. Cependant, l'entourage de Benalla tient un autre discours. Il déclare auprès du quotidien que l'intéressé a reçu ses passeports diplomatiques en octobre dernier, restitués par l'Etat français. Au Tchad ou au Cameroun, il aurait fait partie d'«une délégation mandatée par des sociétés détenues notamment par des acteurs gouvernementaux du Qatar et de la Turquie», selon Le Monde. La visite avait profondément mis l'Elysée dans l'embarras, trois semaines avant la visite officielle d'Emmanuel Macron à N'Djamena, où ce dernier a assuré à son homologue Idriss Déby que Benalla ne représentait pas la France au cours de ces missions.