Originaires de la ville de Nador, deux jeunes mères ont été placées en détention dans l'enclave de Melilla et séparées de leurs filles malades. Le calvaire de ces deux marocaines est dénoncé par l'ONG locale pour la défense des droits des enfants (Prodein). Le calvaire de Fatima* a débuté jeudi dernier, lorsque dans l'urgence et sans aucune autre issue, elle se rend à l'hôpital régional de Melilla pour soigner sa fille, âgée d'un an et demi et atteinte d'un cancer du rein, rapporte le site El Confidencial. Fatima y restera jusqu'au samedi soir, avant d'être interpellée dimanche à deux heures du matin. L'institut national de gestion de la Santé (Ingesa), qui a sous sa coupole les deux enclaves de Ceuta et Melilla, explique que «la patiente a été traitée, mais elle souffrait d'une maladie chronique et non d'une pathologie nécessitant une hospitalisation». De plus, malgré la détermination de la mère, «un enfant ne peut pas passer autant de temps dans une salle d'urgence pour son propre bien, étant donné qu'il peut attraper des maladies», poursuit l'institut joint par El Confidencial. «Les envois de mineurs dans la péninsule sont constants, mais le protocole ne concerne que les affaires urgentes, et on a alors estimé qu'il n'en était rien», martèle Ingesa. Pourtant, la souffrance de la mère ne s'achève pas ici. En effet, quelques heures plus tard, c'est la police locale qui intervient pour arrêter la mère et la placer en détention provisoire. «La police est arrivée et nous a demandé de partir. Nous avons refusé, de nombreuses troupes sont arrivées, y compris le chef. Nous les avons supplié», confie la jeune maman à l'ONG locale pour la défense des droits des enfants (Prodein). Si la maman est emmenée au cachot, sa fille sera conduite vers un centre pour mineurs de l'enclave, précise la même source. Des gardes retirées et des morts dans les salles d'attente Au poste de police, la jeune mère fera connaissance d'une autre marocaine dans la même situation. Elle avait, elle aussi, été arrêtée alors qu'elle emmenait sa fille qui souffre d'une hydrocéphalie à l'hôpital. A leur sorties, les deux mères seront d'autant plus révoltées lorsqu'on leur annonce qu'elles ne pourront pas passer récupérer leurs filles, explique Fatima dans un enregistrement fourni par l'ONG Prodein et relayé par El Confidencial. Pire encore, lorsqu'elle se sont à nouveau rendues au centre d'accueil pour mineurs lundi, les autorités leurs annoncent sur place le retrait de la garde de leurs enfants. Désormais, les deux femmes devront fournir un test de paternité, dénonce le président de l'ONG Prodein de Melilla, José Palazón. «C'est scandaleux qu'une mère emmène sa fille à l'hôpital et qu'on finisse par lui retirer la garde. C'est incompréhensible», dénonce-t-il. Par ailleurs, le président de l'ONG dénonce également le fait que cette affaire ne soit pas un cas isolé. En quinze jours seulement, «c'est la deuxième fois que cela se produit». «La fois précédente et après plusieurs jours d'attente, l'enfant atteint d'une leucémie a dû être évacué de Melilla dans un état très grave vers l'hôpital de Malaga (…) où il est finalement décédé mercredi», dénonce José Palazón sur son compte Facebook. Ce mardi, le parti politique Coalition pour Melilla (CPM) a réagi à l'information et a annoncé qu'il portera le dossier de la jeune mère devant le tribunal de Melilla. Son président, Mustafa Aberchán a pour sa part dénoncé le fait que «les forces de l'ordre utilisent un centre hospitalier comme un poste frontière», soulignant que «ces faits sont sérieux et ne peuvent être tolérés». * Le prénom de la maman a été changé par El Confidencial.