Parallèlement aux agitations du Polisario à l'adresse de l'Union européenne, le front poursuit sa campagne visant les entreprises étrangères actives au Sahara. Seulement, sa dernière «manifestation» organisée par le biais d'une ONG locale au sud de la Nouvelle-Zélande, pourtant amplifiée par ses relais médiatiques, a essuyé un échec. Depuis dimanche, les médias du Front Polisario font l'écho à une manifestation organisée dimanche au port de la ville de Dunedin (sud de la Nouvelle-Zélande) par l'ONG néo-zélandaise Environmental Justice Ōtepoti. Elle coïncidait avec l'arrivage d'une cargaison de quelque 53 000 tonnes de phosphates, importées par la société Ravensdown et transportées par le navire «Triton Folk». Une cargaison d'une valeur de «7 millions de dollars», rapportent l'agence de presse du Front Polisario et le site de l'ONG Western Sahara Ressources Watch (WSRW). Une manifestation amplifiée «Les manifestants se sont rassemblés devant le navire arrivé au port, tout en scandant des slogans contre le pillage des richesses sahraouies et brandissant des pancartes», poursuivent ces deux sources. Des pancartes où ces manifestants exigent de la société néo-zélandaise de «cesser» d'importer du phosphate du Sahara. Qualifiant cette cargaison de «vol» et de «pillage des ressources naturelles du Sahara», les deux sources tentent toutefois de donner de l'importance à cet acte isolé. WSRW donne la parole à Said Rose Murphy, porte-parole de l'ONG Environmental Justice Ōtepoti qui pense «les habitants de Dunedin seraient horrifiés de savoir qu'une entreprise locale finance une telle injustice» au Sahara. Affirmant que son ONG «soutient le droit à l'autodétermination du peuple sahraoui», elle a estimé que «Ravensdown et Ballance devraient cesser d'importer du phosphate entaché de sang». La même source rappelle l'affaire du navire transportant des phosphates, arrêté en Afrique du Sud, tout en soulignant que ces deux coopératives d'engrais néo-zélandaises sont les deux dernières sociétés à importer du Sahara. «Le gouvernement sahraoui a demandé à Ravensdown une indemnisation pour les marchandises que la coopérative d'engrais avait achetées au Maroc», poursuit WSRW, qui souligne que le Japonais «Sumitomo Corp» est le propriétaire du groupe Ravensdown tandis que le navire «Triton Folk» est propriétaire de Triton Navigation BV, basé à Amsterdam, aux Pays-Bas. Toute une opération de communication pour un échec Alors que le Front évoque une manifestation qui laisse entendre une large mobilisation au sein de la ville néo-zélandaise, les images relayées par WSRW trahissent la version du Polisario. En effet, il semblerait que l'ONG locale n'a réussi à mobiliser que moins de dix personnes au total. On les voit même manifester tantôt dans le port de Dunedin, tantôt près de ce qui semble être un local appartenant à Ravensdown. Pourtant, depuis la semaine dernière, le Polisario a entrepris plusieurs actions de communication visant à mobiliser une large frange de la société néo-zélandaise de Dunedin. Vendredi, Environmental Justice Ōtepoti a appelé, dans un post sur sa page Facebook, ses militants à manifester de l'intérêt pour l'action menée dimanche. L'événement n'a recueilli que 10 personnes qui ont confirmé leur participation, face à 14 personnes intéressées. Mercredi, un film-documentaire intitulé «les vents de la résistance» du réalisateur canadien Josh Cambel sur l'implication d'une compagnie canadienne au Sahara a été projeté à Dunedin. «La projection du film a été rehaussée par la présence d'un nombre d'amis du peuple sahraoui qui ont réaffirmé leur disposition à exercer davantage de pression sur les compagnies néo-zélandaises pour les dissuader de piller les richesses du peuple sahraoui», rapporte l'agence du front. Produits du Sahara : Le Polisario manipule les faits pour crier victoire Celle-ci a également annoncé que le représentant du Front Polisario en Australie, Mohamed Fadel Kamal, a saisi par écrit le directeur exécutif de la compagnie pour «mettre un terme à son implication» au Sahara. Pour rappel, le Polisario est vent debout, depuis plusieurs mois, contre les deux sociétés néo-zélandaises, Ravensdown et Ballance Agri-Nutrients qu'il considère comme «les deux seuls clients du minerai de phosphate du Sahara occidental occupé dans le monde».