Western Sahara Resource Watch (WSRW) s'est félicitée mardi de la «décision historique» d'un importateur canadien qui ne compte plus importer de phosphates du Sahara. Contactée, l'entreprise Nutrien avance pourtant des raisons purement économiques. Au lendemain de la plainte, déposée par le Front Polisario à Paris contre une entreprise française, le mouvement séparatiste tente de préempter le résultat de son offensive juridique en criant victoire sur des affaires similaires. Mardi, l'ONG Western Sahara Resource Watch (WSRW) s'est félicitée d'une annonce, faite en août dernier, par la compagnie canadienne Nutrien, la qualifiant de «décision historique». «La société qui a importé 50% des phosphate au cours des dernières années a annoncé qu'elle mettrait fin à ses achats au Sahara Occidental. Nutrien avait déjà déclaré qu'il mettrait fin aux importations du minerai du litige pour ses installations au Canada en 2018», écrit WSRW. «Désormais, le nombre d'entreprises qui importent actuellement le minerai du Sahara Occidental sera réduit de quatre à trois. Les derniers restants sont Paradip (Inde), Ballance Agri-Nutrients (Nouvelle-Zélande) et Ravensdown (Nouvelle-Zélande).» WSRW Une mobilisation contre deux sociétés néo-zélandaises Le bras associatif du Front Polisario donne la parole à Morten Nielsen de la section Danemark pour déclarer que «si le Maroc ne profite plus de ces exportations vers l'Amérique du Nord, les chances sont plus grandes que son gouvernement s'engage dans des pourparlers de paix de l'ONU». Preuve de la mobilisation du mouvement séparatiste dans cette campagne visant les entreprises étrangères opérant au Sahara, WSRW revient avec un deuxième article ou elle fustige deux sociétés néo-zélandaises, Ravensdown et Ballance Agri-Nutrients, affirmant qu'il s'agit «désormais des deux seuls clients du minerai de phosphate du Sahara Occidental occupé dans le monde». Un long article qui détaille les volumes de phosphates importés, les réactions de la sphère politique néo-zélandaise ainsi qu'une tentative de démonter les arguments présentés par les deux compagnies. Un ensemble d'informations repris par des médias pro-Polisario et algériens. Le 1er février dernier, l'ONG avait annoncé que la société canadienne Nutrien comptait mettre fin à ses «activités illégales dans les territoires occupés du Sahara occidental». Nutrien évoque des raisons économiques Bien que le Front Polisario tente de présenter l'annonce effectuée par la compagnie canadienne comme une victoire politique, WSRW reconnait discrètement que la fermeture est due à des raisons économiques. Contactée par Yabiladi, une source autorisée au sein de la compagne canadienne donne plus de précisions. «Nous arrêtons en effet d'importer du phosphate de Phosboucraa mais cela n'a rien à voir avec le différend du Sahara occidental», nous déclare-t-elle. «L'arrêt des importations des phosphates est vrai mais intervient pour des raisons économiques. Nous n'aurons plus besoin de la roche de phosphates pour nos deux usines, dont la plus petite, située aux Etats-Unis, sera fermée. Cela est donc lié à la performance de nos usines et à nos besoins.» Source au sein de l'entreprise canadienne Nutrien Sur le site de la compagnie canadienne, le rapport des activités au deuxième trimestre ne mentionne guère les importations des phosphates du Sahara. «Nutrien a décidé de fermer son petit site de production de phosphate à Geismar, en Louisiane, d'ici fin 2018 et n'aura plus besoin d'importer des roches phosphatées offshore à partir de 2019», indique ce document. Plus loin, Nutrien évoque «la hausse des coûts des matières premières» et particulièrement des phosphates. De plus, Nutrien a commandité l'année dernière une étude sur l'impact de son partenariat avec Phosboucraa sur les droits de l'Homme. Une étude effectuée par le cabinet Norton Rose Fulbright et rendu public en janvier dernier. L'auditeur indépendant y avait indiqué comme guise de conclusions que la «gouvernance, les politiques et les opérations d'OCP sont conformes aux exigences du code fournisseur d'Agrium et aux normes internationales» ; Nutrien étant née de la fusion d'Agrium et de PotashCorp. «Il n'y a aucun impact négatif sur les droits de l'Homme lié aux domaines d'activité de Phosboucraa», avait conclu l'étude, ignorée par WSRW.