El Othmani a répondu à la levée de bouclier des juges contre les communiqués du PJD condamnant la décision d'un juge à Fès d'inculper Hamieddine pour «complicité de meurtre». Marrakech a accueilli, samedi 15 décembre, le quatrième et dernier round du «Dialogue interne» du PJD. Saâdeddine El Othmani était aux commandes. L'affaire de l'inculpation d'Abdelali Hamieddine pour «complicité de meurtre» de l'étudiant Benaïssa Aït El Jid en 1993 a éclipsé toutes les autres sujets. Selon le secrétaire général du parti et chef du gouvernement, cette affaire serait «incomprensible tant aux niveaux juridique que des droits de l'Homme». Il exprime également son «entière solidarité» avec le dirigeant poursuivi et indique avoir «pris des initiatives» dans ce sens et en «prendre d'autres» dans le futur. Le chef du gouvernement a, par ailleurs, balayé d'un revers de la main les nouvelles avançant que des voix au sein de la Lampe auraient préféré laisser la justice faire son travail. «L'ensemble des instances du parti ont adopté la même position. Le secrétariat général a pris sa décision à l'unanimité. Il n'y a pas de place au doute (...) Certaines voix veulent un parti déchiré, faible et incapable de prendre position et cela n'arrivera jamais.» Saâdeddine El Othmani Une aubaine pour El Othmani C'est la première sortie médiatique d'El Othmani depuis l'exhumation par un juge d'instruction près la cour d'appel de Fès de l'assassinat de Benaïssa Aït El Jid. Cet empressement de sa part à pointer du doigt le pouvoir judiciaire, au risque d'être critiqué pour atteinte à l'indépendance de la magistrature, ne rime pas automatiquement avec désintéressement. L'inculpation de Hamieddine lui offre, en effet, l'opportunité de gagner quelques points dans le baromètre de sa popularité au sein du PJD. L'annonce par El Othmani de sa position sur cette affaire intervient moins de vingt-quatre heures après le point de presse, tenu vendredi à Casablanca, par la Coalition des associations des professionnels de la magistrature. L'ONG a condamné, mais sans citer nommément le PJD, la publication de communiqués «portant atteinte à l'indépendance du pouvoir judiciaire», réagissant par la même occasion aux récentes sorties de Mustapha Ramid, ministre d'Etat chargé des droits de l'Homme. Les magistrats stupéfaits Il y a quelques jours, ce dernier a critiqué la décision du juge d'instruction près la Cour d'appel de Fès concernant Abdelali Hamieddine et son implication dans l'assassinat de Benaïssa Aït Eljid. Dans ce sens, la coalition estime que la réaction du ministre représente «une atteinte grave à l'indépendance du pouvoir judiciaire», soulignant que cette dernière, «ainsi que la dignité des juges», est «une ligne rouge à ne pas franchir et pour laquelle aucune concession ne peut se faire». Dans un communiqué lu en ouverture de la conférence, l'organisation regroupant l'Amicale Hassania de la Magistrature, le Club des Magistrats et l'Association Marocaine des Femmes Juges a exprimé ainsi sa «grande surprise face à la tentative de soumettre le pouvoir judiciaire à des enchères politiques et partisanes sur une question faisant l'objet d'un procès, sans laisser au concerné lui-même d'exercer ou non ses droits de recours conformément». Aussi les magistrats disent rejeter «l'utilisation de termes inappropriés par le gouvernement tels que 'jurisprudence irresponsable', 'une déviation grave et irresponsable', 'coup porté à la justice'…». En employant cette terminologie, l'exécutif porte «un préjudice grave à l'indépendance du pouvoir judiciaire et incite avec irresponsabilité à la diffamation à l'encontre du corps professionnel» de la magistrature.