Recherché depuis plus d'un an, le Maroco-néerlandais Redouane T. ne se livrera pas à la police de son plein gré, craignant un procès non équitable. Lui et son complice Saïd R. seraient à l'origine de plusieurs attaques survenues aux Pays-Bas, en Espagne et au Maroc. L'avocate du criminel le plus recherché des Pays-Bas s'est exprimée pour la première fois sur la chaîne de télévision néerlandaise NPO 1. Maître Inez Weski a affirmé, lors de l'émission EenVandaag diffusée le 7 décembre, que son client Redouane T. «conteste de nombreuses accusations portées contre lui». Accusé d'être l'un des criminels ayant commandité le plus d'assassinats aux Pays-Bas ces dernières années, ce Maroco-néerlandais dénonce, par le biais de son avocate, une véritable chasse à l'homme alimentée «par des accusations qui parviennent depuis les médias». Me Weski a ainsi annoncé que son client «ne se présentera pas volontairement à la police en raison du manque de confiance en un procès équitable». Mocro-maffia : Prime pour l'arrestation des cerveaux de l'attaque du café La Crème Des craintes que l'avocate justifie principalement par les 100 000 euros de prime que la justice accordera à toute personne qui pourra fournir des informations sur l'endroit où se trouve son client. De plus, elle estime qu'il y a violation de la vie privée de Redouane T. «Jusqu'à présent, il semble que le procureur général ait voulu que mon client soit pourchassé sans que ses droits fondamentaux soient respectés. On revient ainsi et légalement à l'époque du Far West.» Maître Inez Weski, avocate de Redouane T. De son côté, la justice néerlandaise justifie cette violation par le fait que Redouane T., ainsi que son complice et bras droit Saïd R., «sont suspectés de multiples liquidations. Ce sont des faits particulièrement graves qui justifient la violation de sa vie privée dans le cadre de cette enquête», rapporte la chaîne de télévision NPO 1. Un casier judiciaire vierge Fugitifs depuis plus d'un an, Redouane T. et son complice, sur lesquels pèse un mandat d'arrêt international, se trouveraient selon les enquêteurs à Dubaï ou en Amérique Latine. Le 2 octobre dernier, sept personnes avaient été arrêtées lors de descentes de police dans les quartiers où vivent ses proches. Si Redouane T. fait actuellement la Une des journaux et pourrait être condamné à la peine maximale aux Pays-Bas, il était jusqu'à présent inconnu des autorités et son casier est toujours vierge, explique le journaliste Jan Meeus, spécialisé dans les affaires criminelles. Le Marocain a mis un pied dans le monde de la criminalité en vendant du cannabis en provenance du Maroc, dans la cour de l'école, précise le journaliste. Il s'est ensuite lancé dans la vente de cocaïne en développant «un trafic à grande échelle», menant à de multiples liquidations dont il est soupçonné mais pour lesquelles il n'a jamais été incriminé. Des attaques aux Pays-Bas, en Espagne et au Maroc La rivalité entre gangs fera ainsi ressurgir son nom dans plusieurs affaires, notamment l'attaque perpétrée en juin dernier au siège de la rédaction du quotidien néerlandais De Telegraaf. Dans un article, ce dernier laissait entendre que les deux Maroco-néerlandais seraient à la tête d'un vaste réseau. Plus tôt, en avril dernier, le nom de Redouane T. avait également refait surface lorsque le frère d'un témoin, qui avait passé un accord avec la police pour fournir des informations clés sur la mafia marocaine, avait été assassiné fin mars sur son lieu de travail. Mocro-maffia : L'explosion à Marbella en lien avec la fusillade au café la Crème ? Ce regain de violence fait écho jusqu'en Espagne, en Belgique et au Maroc, où les deux criminels sont soupçonnés d'être les commanditaires de la fusillade du café La Crème, le 2 novembre 2017 à Marrakech. Celle-ci avait coûté la vie à un étudiant en médecine qui n'avait aucun lien avec l'affaire. En août dernier également, la police marocaine avait annoncé l'arrestation de deux frères de Redouane T., accusés d'avoir fourni des équipements, du matériel et de la logistique aux deux tueurs à gage ayant perpétrée la fusillade du café La Crème. Les deux frères avaient agi sur ordre de leur frère en dehors du territoire national, dans le cadre d'un règlement de comptes entre les réseaux de trafic international de drogue, avait précisé la Direction générale de la sûreté nationale (DGSN). Récemment, deux attaques survenues dans le sud de l'Espagne mettent en lien la mafia marocaine et font à nouveau remonter les noms de Redouane T. et Saïd R. S'ils demeurent toujours introuvables, c'est notamment grâce aux multiples opérations chirurgicales qu'ils ont subies pour modifier leur apparence, affirme le média néerlandais RTL Niews.