Les parlementaires pjidistes ont pris le relais de Saâd-Eddine El Othmani dans sa bataille contre la langue de Molière. A la Chambre des représentants, ils ont clamé haut et fort que l'enseignement en français répond à des «considérations politiques et non pédagogiques». Ce lundi 12 novembre à l'occasion de la séance des questions orales à la Chambre des représentants, les pjdistes ont décoché leurs flèches en direction de l'enseignement des matières scientifiques en langue française. Le député Rachid El Kabile, qui a été mandaté pour présenter le réquisitoire des islamistes, n'a pas fait dans la dentelle. Il estime que cette pratique, pourtant mise en place sous le gouvernement Benkirane II, est «sans fondement légal», arguant qu'elle est contraire à l'article 5 de la constitution du 1er juillet 2011. Le texte précise en effet que seuls l'arabe et le tamazigh ont le statut de langues officielles du royaume. «Des considération politiques et non pédagogiques» Dans son intervention, le député de la Lampe a montré un zèle particulier dans la défense des langues nationales au point de couvrir d'éloges la décision d'Israël d'enseigner exclusivement en hébreu. Fait rare pour un islamiste de citer nommément ce pays sans le qualifier d' «entité sioniste». «La renaissance n'est assurée que par la langue nationale et l'Homme ne peut créer en dehors d'elle», a-t-il expliqué. El Kabile affirme que le recours au français dans les écoles et les universités marocaines, en vigueur depuis la colonisation jusqu'aux années 80, n'a pas mis pour autant un terme aux «irrégularités plombant le système éducatif». Bien entendu, l'élu pjdiste a fait l'impasse des ravages de la politique d'arabisation des matières scientifiques réalisée dans l'improvisation en 1980. Le député a enchaîné en battant en brèche l'argument des défenseurs de la langue française lorsqu'ils brandissent «l'ouverture culturelle». «C'est plutôt une offense à nos langues constitutionnelles et une régression linguistique», s'est-il emporté. Dans sa réponse, le ministre de l'Education nationale a rappelé que l'enseignement au Maroc obéit à la constitution, les discours du roi Mohammed VI et la vision 2015-2030. Celle-ci a été approuvée, au grand dam de l'ancien chef du gouvernement Abdelilah Benkirane, en conseil des ministres du 6 février 2016 à Laâyoune. Depuis, les islamistes de la Lampe la considèrent comme pro-francophone. Ce réquisitoire des pjdistes à la Chambre des représentants contre le français intervient dans le sillage des directives de Saâd-Eddine El Othmani à tous les ministères, les offices et les collectivités locales de se conformer à la Constitution et à ne recourir qu'aux langues arabe et amazighe dans leurs correspondances, contrats et autres rapports.