Une fois de plus, l'hostilité envers la langue de Molière réunit l'Istiqlal et le PJD. A la Chambre des conseillers, les deux partis ont ignoré l'officialisation de l'amazighe pour se lancer dans un réquisitoire contre le français. Même en basculant dans les rangs de l'opposition, l'Istiqlal reste sans conteste le parti le plus proche du PJD. Tous deux partagent et défendent les mêmes idées. En témoigne les débats survenus cet après-midi à la Chambre des conseillers à l'occasion du passage du chef du gouvernement. Alors que les autres groupes parlementaires ont appelé l'exécutif à accélérer l'opérationnalisation de l'officialisation de la langue amazighe, comme le prévoit l'article 5 de la constitution du 1er juillet 2011, les deux formations ont préféré regarder ailleurs, dressant un réquisitoire contre le français. Les islamistes de la Lampe et les conservateurs de la Balance ont, visiblement d'un commun accord, pointé du doigt la «protection» dont bénéficie le français alors qu'il «n'est pas officiel», ont-ils martelé. «Le français n'est ni la langue de la science, ni celle de la culture» Un conseiller du PJD s'est alarmé du net recul de l'arabe face à la progression du français qui s'impose aux familles alors que, selon lui, «elle n'est ni la langue de la science, ni celle de la culture, mais d'autres choses». Son homologue de l'Istiqlal lui a emboîté le pas en la qualifiant de «mineure». Dans son intervention, l'islamiste a invité le chef de l'exécutif Saâdeddine El Othmani à relancer la création de l'Académie Mohammed VI de la langue arabe. Un projet initié il y a quinze ans mais qui n'a pour l'heure pas vu le jour. Cette entente entre un parti de la majorité et un autre de l'opposition n'étonne guère. Tous deux vouent en effet une hostilité viscérale au français. Députés PJDistes et de l'Istiqlal avaient d'ailleurs présenté des propositions de loi condamnant l'usage du français. L'initiative des islamistes est encore récente. Elle a été déposée en novembre 2017, exigeant une arabisation complète de l'enseignement et des annonces publicitaires en menaçant d'amendes les contrevenants. En revanche, celle des élus de l'Istiqlal remonte à 2008.