Quelques jours après le meurtre d'un homme retraité dans son cabanon sur la côte de Bouznika, les proches restent sous le choc. Aujourd'hui, la famille de la victime dénonce l'insécurité et fait part du sentiment de peur qui envahit les riverains, face aux agressions et aux meurtres répétés sur la plage Dahomey. La semaine dernière, un couple de retraités a été attaqué dans son domicile, sur la côte de Dahomey (Bouznika). Depuis la terrasse du cabanon, deux agresseurs se seraient introduits en attaquant un homme âgé et son épouse septuagénaire, menaçant de les tuer «comme [ils l'ont] fait pour les autres». Après s'être débattu, en blessant notamment l'un des deux intrus, le propriétaire de la maison est laissé mourant, selon le témoignage de sa femme, qui dit avoir subi des sévices sexuels et essuyé plusieurs blessures. Le couple occupe ce cabanon depuis une vingtaine d'années. «La plage Dahomey a toujours été réputée pour son calme et sa tranquillité, d'autant plus que ses habitants, des MRE pour la plupart dont beaucoup sont à la retraite, se connaissent tous», témoigne une proche des deux victimes. «Mais il y a trois ou quatre ans, les agressions ont connu une recrudescence effroyable», déplore-t-elle. Des faits qui se répètent à travers le temps Cette tendance se traduit par les crimes s'étant succédés ces derniers temps, comme nous le raconte cette habitante de Dahomey ayant souhaité garder l'anonymat. «Dernièrement, un jeune homme a été agressé à l'intérieur de sa maison. Un cabanon a été incendié et heureusement que son propriétaire n'était pas là, sinon il y aurait laissé la vie. L'épouse d'un ressortissant suisse vivant à Dahomey depuis des années s'est vue dérober ses biens en étant menacée à l'arme blanche, alors qu'elle était toute seule à son domicile», raconte-t-elle. Pour cette habitante, «le dernier épisode d'une longue série a été ce meurtre, qui ne serait d'ailleurs pas le premier». Membre de la famille du couple retraité, une jeune femme nous explique en effet que ces activités criminelles se seraient ancrées peu à peu dans le quotidien des riverains tandis que selon elle, la gendarmerie n'aurait «pas réagi suffisamment» pour limiter les dégâts, sinon pour éradiquer ces violences. «Depuis au moins une année, j'ai souvent vu des motos acheminant le haschisch, l'héroïne et la cocaïne à Dahomey, assure-t-elle. Nous avons prévenu la gendarmerie mais rien n'a été fait». Notre source affirme même avoir été agressée sexuellement au niveau du parking de la plage. «J'étais accompagnée de mon époux, lorsqu'une vingtaine de jeunes en état d'ébriété s'en sont pris à nous. Ils ont roué mon mari de coups et m'ont déshabillée. J'ai couru avertir la brigade et là encore, rien n'a été fait.» Proche de la victime tuée Notre interlocutrice indique que les tueurs présumés seraient «un jeune homme et son cousin», qui auraient commis «plusieurs actes de violence depuis les deux années où ils sont ici, sans parler des viols sur les filles MRE, sur la plage ou à l'intérieur des cabanons, dans l'indifférence générale». En effet, «près d'une semaine plus tôt, un jeune couple a été agressé et laissé pour mort de la même manière» que cette dernière victime. «Leurs corps déchiquetés ont été retrouvés le lendemain de l'arrestation» des tueurs présumés de ce retraité. «Un quatrième corps a même été retrouvé plus tard», estime la jeune femme. L'urgence de faire intervenir les autorités locales La femme nous explique que le jour du meurtre, la veuve de la victime aurait «appelé les gendarmes à plusieurs reprises». «Le seul adjudant qui intervient à chaque fois qu'il est appelé en renfort n'était pas de service, ce jour-là», déplore-t-elle. Face à ces faits répétés, la famille du défunt nous confie que «plusieurs Marocains vivant à l'étranger ne veulent plus revenir à Dahomey, tellement ils ont peur». «Si l'endroit était gardé, été comme hiver – et c'est normalement le rôle de la brigade –, rien de tout cela ne serait passé», déplore une autre proche. «Nous sommes sous le choc car ce n'est pas qu'un simple cambriolage. Lorsqu'on attaque une personne chez elle en lui disant qu'elle va mourrir, c'est du terrorisme. Nous avons peur d'une vendetta et nous ne bénéficions d'aucune protection. Nous ne pouvons plus revenir à notre résidence à Dahomey.» Une autre proche de la victime tuée «Aux parties mettant en avant la nationalisé tunisienne du défunt, nous voulons dire qu'il n'a pas été tué parce qu'il était Franco-tunisien, marié à une Marocaine, mais parce qu'il dénonçait haut et fort l'augmentation de ces violences-là, notamment au sein de l'Association Dahomey plage», indique encore la famille du défunt. Pour elle, «il est urgent de faire valoir ses droits, de briser cette loi du silence et de lutter contre cette injustice en faisant en sorte que le procès de cette affaire soit exemplaire». Mais en attendant, les proches restent «dans le flou total», ne sachant pas où en est l'enquête, ce qui «ajoute à la douleur de cette perte». Contactée, la Centrale de la gendarmerie royale dont dépend la brigade de Bouznika n'a pas donnée suite à nos sollicitations. Article modifié le 2018/11/08 à 11h31