Chef de file du Hirak du Rif condamné à 20 ans de prison ferme, Nasser Zefzafi fait partie des trois candidats finalistes pour le Prix Sakharov 2018. En lice également, le cinéaste et militant ukrainien Oleg Stensov, ainsi qu'un groupe d'ONG sauveur de migrants en Méditerranée. C'est la dernière ligne droite pour la nomination de Nasser Zefzafi au Prix Sakharov 2018, récompensant annuellement des groupes ou des individus pour leur engagement en faveur des droits humains et de la liberté de penser. Portée par des eurodéputés, des associations maroco-néerlandaises, mais aussi par la famille du militant détenu, cette candidature fait désormais partie des trois finalistes dont un seulement sera distingué, selon le journal NRC. Le média néerlandais indique que la candidature du chef de file du Hirak est passée en finale après un vote, ce mardi, au Parlement européen, bénéficiant ainsi de la forte mobilisation dudit comité. Le soutien d'un groupe de la gauche européenne L'idée de proposer Nasser Zefzafi au Prix Sakharov 2018 est née aux Pays-Bas, comme le rappelle encore NRC. Elle a surtout bénéficié de l'appui de l'eurodéputé Kati Piri, du Parti travailliste néerlandais (PVDA). Egalement membre du groupe de la Gauche unitaire européenne / Gauche verte nordique, la femme politique a pu mener cette mobilisation depuis des mois auprès de différentes instances européennes, avec un groupe d'activistes maroco-néerlendais. En effet, la députée a d'abord tenté d'interpeller les représentants français et espagnols au parlement européen. Cependant, ces derniers auraient préféré conserver leurs relations stratégiques avec le Maroc, notamment sur les accords de commerce et la question migratoire, comme le rappelle le média local. De son côté, Amsterdam a choisi de ne pas s'aligner sur cette politique. Ainsi, le chef de la diplomatie néerlandaise, Stef Blok, a remis un résumé écrit au parlement de son pays, le 5 septembre dernier. Son rapport a essentiellement porté sur le silence des autres pays de l'Union européenne face aux lourdes condamnations des activistes rifains. Une nomination qui divise Stef Blok n'est pas à sa première réaction. A plusieurs reprises, il a fait des déclarations sur le Hirak qui n'ont pas manqué d'irriter son homologue marocain Nasser Bourita. Le ministre néerlandais avait également contesté les lourdes peines, prononcées le 26 juin dernier à Casablanca, et condamnant 52 militants du Hirak à de lourdes peines. Nasser Zefzafi fait partie de ce groupe-là, ce qui a renforcé la mobilisation des eurodéputés pour sa nomination et sa candidature au Prix Sakharov. Après avoir convoqué l'ambassadrice des Pays-Bas au Maroc, le ministre marocain des Affaires étrangères et de la coopération internationale a ainsi affirmé à Blok que Rabat «n'avait de leçon à recevoir de personne». Sur la défensive, il s'est également félicité de la «force» des institutions étatiques, qui constituent «le socle et le garant de sa stabilité». De leur côté, proches et sympathisants des militants emprisonnés continuent d'appeler à la remise en liberté des condamnés. Dans ce contexte, tous accueillent positivement la nomination de Nasser Zefzafi parmi les finalistes du Prix Sakharov. Mohamed Ahamjik, frère de Nabil Ahamjik, condamné à 20 ans de réclusion, a réagi sur sa page Facebook, exprimant sa joie ainsi que celle des détenus du Hirak. Il a également remercié les différentes parties ayant porté cette candidature.