A 71 ans, Abdelkader Sifer est prêt à remuer ciel et terre pour dénoncer la discrimination dont sa fille handicapée a été victime dans un avion de la Royal Air Maroc. Cela s'est passé il y a un peu moins de deux semaines, à l'aéroport de Casablanca. Lorsque la famille franco-marocaine arrive devant la porte de leur avion pour embarquer, le commandement de bord les empêche de rentrer en prétextant que l'avion était plein et qu'il ne pouvait pas s'occuper d'une personne handicapée en plus. Interview avec Abdelkader Sifer. Yabiladi : Comment va votre fille Siham depuis l'incident de la RAM ? Abdelkader SIFER : Vous savez, Siham ne parle pas. C'est une personne handicapée totale. En ce qui me concerne, je ne comprends toujours pas et ne croit pas ce qui nous est arrivé. Cela fait 20 ans qu'on voyage avec la RAM et on n'a jamais eu ce genre de problème ! On n'a jamais voyagé avec une autre compagnie que la RAM. C'est le premier commandant de bord qui nous fait subir cela. Vous savez si ça m'était arrivé à moi, j'aurais pu comprendre, voire accepter, mais faire cela à une personne handicapée et qui ne parle pas en plus, ça je ne comprends pas et je ne l'admettrai jamais. Expliquez-nous comment vous avez été interdit de vol ? AS : En avril dernier, j'ai réservé nos billets d'avion pour nos vacances au Maroc auprès d'une agence de voyages en France, une réservation faite à l'avance. J'ai bien signalé le handicap de ma fille à l'agence. Le jour du départ à l'aéroport de Casablanca, le 10 septembre dernier, ma femme, ma fille et moi nous sommes rendus à l'aéroport. On a passé tranquillement les contrôles de police, puis les bagages. Tout sans aucun problème. Ensuite, comme ma fille est sur un fauteuil roulant, on a été pris en charge par un accompagnateur de l'aéroport qui nous a conduits dans une camionnette au pied de l'avion. On a fait monter ma fille dans un ascenseur pour qu'elle pénètre à l'intérieur de l'avion. On a été accueilli par le commandant de bord qui nous a lancé froidement «Est-ce que vous pensez qu'avec mes 160 passagers, j'ai le temps de m'occuper d'une personne handicapée» Et il a fermé la porte de l'avion. J'aurais voulu que le commandant de bord m'explique s'il aurait fait cela à sa propre fille. Que s'est-il passé une fois la porte de l'avion fermée ? AS : Une véritable catastrophe ! On nous a emmenés et enfermés dans un hangar comme des animaux sans eau, ni nourriture ! Heureusement que le personnel de l'aéroport s'est chargé de nous trouver un autre avion à prendre sinon, aujourd'hui on serait toujours là-bas. Vous avez porté plainte en France contre la RAM pour discrimination. Avez-vous pris contact avec une association de protection de consommateurs pour vous aider dans vos démarches ? AS : Non, honnêtement je vais vous dire, avant cet incident, je n'ai jamais rencontré un tel problème de ma vie, je n'ai jamais mis les pieds dans un commissariat de police ou eu des problèmes avec quiconque. Mais je compte bien contacter une association et l'Ambassade du Maroc en France. A ce jour, la seule personne que j'ai rencontrée est un conseiller juridique qui m'a vivement conseillé de porter plainte au Maroc parce que l'incident s'est produit au Maroc. Je vais donc me déplacer la semaine prochaine à Casablanca pour déposer une plainte. Qu'attendez-vous de cette plainte ? AS : Je ne demande pas des dédommagements mais seulement des explications. J'attends que cette personne qui a refusé l'accès de l'avion à ma fille soit jugée pour que cet incident n'arrive plus à une autre personne handicapée. J'aimerais que le monde se réveille et prenne conscience que les personnes qui sont handicapées n'ont pas choisi d'être handicapées. Doit-on les dénigrer ? Les tuer ? Avez-vous pris contact avec la RAM directement ? AS : Je voulais voir quelqu'un à l'aéroport le jour de notre départ, un employé ou un supérieur mais personne n'a voulu nous recevoir. Ce qui est sûr, c'est que la semaine prochaine, je viens à Casablanca pour déposer ma plainte et je compte bien les rencontrer et leur exprimer mon indignation. :: Relire l'article sur cette affaire publiée sur Yabiladi.com