La représentante du gouvernement régional d'Andalousie a refusé d'enquêter sur l'implication présumée de la Garde civile espagnole dans l'affaire des saisonnières marocaines à Huelva. Les médias locaux et l'AUSAJ restent toutefois mobilisés. La sous-déléguée du gouvernement d'Andalousie à Huelva a rejeté la demande d'ouverture d'une enquête sur l'implication présumée des éléments de la Garde civile espagnole dans le cadre du Huelva Gate. Selon le journal local La Mar de Onuba, Manuela Parralo a refusé d'enquêter sur les graves allégations portées contre la Garde civile à Almonte, relayées par les médias locaux et dénoncées par les avocats de l'Association des utilisateurs de l'administration de la justice (AUSAJ). «Les faits sont judiciarisés», s'est-elle contentée de répondre, avant de promettre de renforcer le dispositif permettant aux Marocaines de travailler en tant que saisonnières en Espagne. Manuela Parralo répondait aux questions de La Mar de Onuba et du journal Confidencial Andaluz, qui ont fait état des accusations des avocats de l'AUSAJ. D'après eux, les éléments de la Garde civile ont activement collaboré avec l'entreprise espagnole Doñana 1998 pour expulser des travailleuses marocaines avant qu'elles puissent déposer plainte pour agressions sexuelles présumées et conditions de travail déplorables. La responsable politique promet en revanche de mettre en place «tous les outils pour que la prochaine saison d'embauche des saisonnières marocaines soit exemplaire». Elle promet également le renforcement de l'inspection du travail pour veiller à ce que les entreprises respectent les conditions de contrats et de séjour des Marocaines à Huelva. «La direction générale des migrations travaillera à l'amélioration des contrats à la source, même si elle n'a pas donné plus de détails». La presse locale toujours mobilisée Dans un deuxième article, La Mar de Onuba met l'accent sur les conditions ayant suivi l'expulsion, en juin dernier, de plusieurs centaines de saisonnières marocaines travaillant au sein de l'entreprise Doñana 1998. Ces dernières avaient prévu de porter plainte pour dénoncer des agressions sexuelles présumées et des conditions de travail déplorables à leur encontre. Le journal rappelle que leurs employeurs disposaient de la liste des femmes ayant ou devant dénoncer leurs agresseurs, sur la base de laquelle les autorités locales ont été averties avant que des saisonnières soient rapatriées au Maroc. Il pointe aussi du doigt les procès-verbaux établis par les éléments de la Garde civile à Almonte. Ces derniers «ont cherché à disculper les employeurs et la société», refusant d'écrire les termes «abus et harcèlements», préférant évoquer seulement des «allégations» et «insinuations sexuelles». La Garde civile est par ailleurs accusée d'avoir entravé l'enregistrement de ce qui s'est réellement passé au sein de ces fermes spécialisées dans la culture de fraises. Les juges de l'Audience nationale, plus haute juridiction en Espagne, doivent encore statuer sur ce dossier. Les avocats de l'AUSAJ dénoncent une affaire de traite d'êtres humains et de «crime contre l'humanité», protégés par l'accord signé entre les royaumes d'Espagne et du Maroc.