Fatima est une saisonnière marocaine rencontrée par El Espagnol. Elle indique que l'entreprise espagnole pour laquelle elle travaille à Almonte (Huelva) l'expulse avec une cinquantaine de femmes pour éviter de nouvelles dénonciations. Arrivée à Almonte, dans la région de Huelva, le 27 avril dernier en provenance de Tanger, Fatima, une saisonnière marocaine travaillant dans la cueillette des fraises, risque de rebrousser chemin vers le Maroc. A en croire le journal El Espagnol, qui l'aurait rencontré «quelques heures avant son embarquement dans un bus qui la ramènerait au Maroc», la Marocaine tout comme une cinquantaine femmes seront renvoyées dans leur pays d'origine pour «éviter de nouvelles dénonciations». Fatima, qui montre un visa lui permettant de travailler légalement en Espagne jusqu'au 31 Juillet de cette année, devrait quitter l'Espagne plus tôt que prévu. «L'Etat l'a autorisé à être ici pour une durée maximale de 85 jours. Mais aujourd'hui, le 5 Juin, avant l'échéance prévue de près de deux mois, la femme a quitté la ferme où elle travaille comme saisonnière», indique El Espagnol. Une stratégie pour éviter de nouvelles plaintes ? La saisonnière marocaine aurait travaillé 20 jours seulement, l'entreprise espagnole qui l'emploie l'a informé que la saison de cueillette des fraises a pris fin la semaine dernière. Mais elle pense, toujours selon El Espagnol, que son «renvoi» serait dû aux «nombreuses plaintes par conditions déplorable du travail ou abus sexuels présumés, présentées dans les derniers jours à la Garde civile espagnole par d'autres saisonnières embauchées notamment par la même entreprise». «Ils nous font monter dans des autocars afin que nous ne dénoncions pas. Ils se débarrassent de nous.S'ils nous chassent des fermes, personne ne saura ce qui s'est passé à l'intérieur. Ils nous demandent de monter à bord des bus avant de nous payer. Mais une fois à bord, nous savons que nous toucherons rien.» Fatima Fatima, «qui ne sait ni lire ni écrire, et qui a du mal à expliquer» a indiqué au journal espagnol qu'elle serait mariée et maman d'une petite fille. «Elle dit qu'elle veut lui apporter un cadeau, comme elle lui a promis quand elle a quitté le Maroc fin avril». La saisonnière fait aussi savoir qu'elle «n'a pas d'argent pour payer le billet de ferry Tarifa-Tanger». L'entreprise espagnole ne lui aurait toujours payé les jours qu'elle a travaillé. De l'avis du Syndicat des travailleurs andalous (SAT), mobilisé pour les droits des saisonnières marocaines depuis le début de cette affaire, l'expulsion de saisonnières est une «stratégie commerciale visant à éviter de nouvelles plaintes», rapporte El Espagnol. Fatima assure que l'entreprise pour laquelle elle travaille la renvoie au Maroc avec une cinquantaine de femmes pour éviter d'autres plaintes. / Ph. Marcos Moreno - El Espagnol Pour sa part, la compagnie soutient la saison des cueillettes de fraises a bien pris fin. «Nous respectons nos employés», fait-elle savoir en précisant le départ de 52 saisonnières marocaines ce mardi. Un départ qui serait suivi par un autre concernant 104 saisonnières marocaines qui retourneront jeudi prochain vers le Maroc. Les clarifications d'Oulhaj et les promesses de Yatim Présent à Huelva de façon quotidienne depuis la semaine dernière, le consul général du Maroc à Séville a enfin décidé de commenter ces affaires. Dans une déclaration accordée à El Pais, Farid Oulhaj a affirmé que son consulat n' pas «reçu de plaintes pour abus sexuel». Mais il a confirmé que les plaintes reçues par cette représentation diplomatique du royaume ont concerné «les conditions de travail de ces saisonnières». Il dit aussi avoir «transféré les plaintes au gouvernement et aux autorités compétentes pour que ces femmes puissent travailler avec dignité». Farid Oulhaj a aussi dit ne pas savoir si le gouvernement marocain compte apporter des améliorations au prochain accord entre le Maroc et l'Espagne prévu pour 2019. Mais il semblerait que l'exécutif d'El Othmani compte finalement apporter de l'eau au moulin. Lundi, devant la Chambre des représentants, le ministre du Travail et de l'Insertion professionnelle, Mohamed Yatim a annoncé que «tous les moyens seront déployés pour mettre en place un système d'accompagnement dédié aux ouvrières saisonnières marocaines dans les exploitations agricoles espagnoles», rapporte l'agence officielle MAP. L'objectif est d'«assurer le suivi de leur situation, de faciliter leur intégration dans le milieu socioprofessionnel et de leur garantir la protection et le soutien nécessaires si elles font face à des pratiques incorrectes», poursuit le ministre. «Nous allons continuer à coordonner nos efforts avec la partie espagnole, tout en déployant l'ensemble des moyens nécessaires pour limiter ces pratiques et y mettre fin, si elles sont prouvées.» Mohamed Yatim Pour rappel, dimanche dernier, des centaines de saisonnières marocaines, employées d'une ferme appartenant à l'entreprise Doňaňa 1998 d'Almonte , auraient été détenues contre leur gré et menacées d'expulsion vers le Maroc. Elles seraient ainsi empêchées de se rendre aux postes de la police ou de la Garde civile espagnole pour déposer plainte et dénoncer des agressions sexuelles présumées ou abus. Article modifié le 09/06/2018 à 15h27