Affecté par l'affaire de Khadija O., qui dit avoir été violée et torturée dans la région de Béni Mellal, un professionnel maroco-tunisien propose son aide pour détatouer la fille de 17 ans. Plusieurs acteurs de la société civile tunisienne se portent volontaires pour prendre en charge les frais nécessaires à ce voyage. La semaine dernière, l'opinion publique a été choquée de découvrir les révélations concernant une affaire de viol collectif présumé dans un village de la région de Béni Mellal, où Khadija O., 17 ans, aurait été séquestrée et torturée pendant deux mois par un groupe d'au moins 13 jeunes, dont des mineurs. Témoignant sur plusieurs sites d'information, elle dit avoir subi des sévices sexuels répétés et battue à chaque tentative vaine d'échapper à ses bourreaux. L'affaire a été dénoncée par l'Association marocaine des droits humains (AMDH) à Béni Mellal, ainsi que l'association Tahadi pour l'égalité et la citoyenneté qui se porte partie civile dans le procès qui débutera le 6 septembre prochain. L'ONG a également proposé de fournir l'accompagnement psychologique nécessaire à la petite fille, qui explique être profondément traumatisée. Détatouée en Tunisie Mais cette mobilisation ne s'arrête pas au Maroc. En Tunisie, Fawez Zahmoul, un tatoueur maroco-tunisien, se porte volontaire pour détatouer l'enfant. Fondateur de la première Ecole nationale de tatouage à Tunis, il explique à Yabiladi avoir pris contact, depuis plusieurs jours, avec la famille de la victime présumée. «Son père a positivement accueilli l'idée et il nous a donné son accord de principe pour que la fille vienne se faire détatouer ici», nous affirme-t-il. «Je ne voulais pas médiatiser mon initiative, mais vu la difficulté que nous avons eue à prendre contact avec le père, nous avons dû en parler publiquement sur les réseaux sociaux, ce qui a grandement facilité les recherches.» Fawez Zahmoul En effet, le tatoueur nous raconte avoir appris l'affaire à travers ses amis habitants au Maroc, qui ont demandé après la possibilité d'admettre Khadija O. dans un centre spécialisé en détatouage. C'est alors qu'il a proposé de s'en charger, aidé par son entourage qui a retrouvé le père et a même pu le rencontrer. Quant aux frais nécessaires à ce déplacement, ils seront pris en charge par les retombées de la projection du film documentaire tunisien «Weldek Rajel» de Heifel Ben Youssef. Celle-ci sera prévue au cours du mois de septembre, au Complexe Mohamed Jamoussi de Sfax, à l'initiative de l'association culturelle Moon and stars. Sa représentante, Rim Belhadj, explique à Yabiladi que «la somme récoltée servira à acheter le billet d'avion pour Khadija O. et ses parents qui vont l'accompagner, de même que couvrir les frais d'hébergement de leur séjour en Tunisie». Une mobilisation au Maroc, en Algérie et en Tunisie En contact avec Heifel Ben Youssef, Rim Belhadj nous explique que «l'idée de lever des fonds pour détatouer Khadija en organisant une rencontre autour de ce film distingué dans de nombreux festivals a été tellement bien accueillie que plusieurs projections pourraient être prévues, avec le soutien d'autres acteurs associatifs et de citoyens en Tunisie et même en Algérie, qui veulent participer et venir en aide à cette petite fille». Après avoir également communiqué avec la famille, Rim Belhadj nous affirme que la question qui se pose encore est celle de la disponibilité des documents de voyage. En effet, «il faudra attendre encore une semaine ou plus, car les parents de Khadija doivent faire leurs passeports, ce qui peut prendre encore du temps», nous explique pour sa part Fawez Zahmoul. Avec l'aide d'amis au Maroc, les frais de la procédure actuellement en cours ont également été pris en charge et le processus ne devrait pas dépasser sept jours, selon des proches de Rim Belhadj. De son côté, celle-ci nous explique avoir reçu de nombreux messages en soutien à Khadija, en Tunisie et ailleurs. «Beaucoup de personnes veulent se porter volontaires pour l'aider, d'une manière ou d'une autre. C'est une belle mobilisation qui prouve que les Marocains, les Algériens et les Tunisiens sont tous unis lorsqu'il s'agit de porter secours à une personne en situation difficile. Nous avons tous été choqués et émus par cette affaire et le moins que l'on puisse faire est de penser à une manière de se rendre utile.» Rim Belhadj A Maroc, dermatologues et médecins sont de plus en plus nombreux à se proposer sur les réseaux sociaux afin de prendre en charge le cas de Khadija O. Pour Rim Belhadj, «qu'elle soit soignée en Tunisie ou au Maroc, l'important est de l'aider à s'en remettre». Au cas où la petite fille serait finalement détatouée dans le royaume et que les fonds d'aide auront été récoltés en Tunisie, «ils parviendront à la famille de Khadija dans son village», souligne la représentante de l'association Moon and stars.