Ses difficultés financières auxquelles ont conduit le gouvernement marocain à vouloir suivre l'exemple de certains pays riches : taxer les citoyens les plus fortunés pour renflouer les caisses de l'Etat. L'idée, émise depuis des années par certaines formations politiques, ne résoudra pas pour autant les problèmes budgétaires. C'est une réforme globale du système fiscal qui s'impose, selon certains économistes. Le gouvernement envisage de grignoter sur les avoirs des Marocains les plus fortunés pour soutenir certains de ses projets sociaux. La lettre de cadrage de la loi de Finances 2012 fait état de la création d'un fonds de solidarité, soutenu par cette nouvelle taxe appliquée sur les aspects extérieurs de richesse. Selon Nizar Baraka, ministre délégué chargé des Affaires économiques et générales, ce fonds de solidarité servirait à financer des projets comme le régime d'assistance médicale ou l'opération 1 million de cartables au profit d'élèves issus de familles nécessiteuses. Il s'agira donc de taxer «les signes extérieurs de richesse» et non la fortune elle-même. Autrement dit, un milliardaire qui garde son argent dans une banque ne serait pas taxé s'il ne montre aucun signe de richesse ! Les critiques fusent déjà, notamment au sein de la classe politique à l'instar de partis comme l'USFP, le PJD ou encore le PSU, qui plaident, depuis des années, pour un impôt sur la fortune. Bonne idée… mais encore L'économiste Mohammed Chiguer qui attend de voir comment cette nouvelle taxe sera appliquée, croit qu'il s'agit là d'une «très bonne idée» de taxer les riches au profit des pauvres. Mais, à ses yeux, ce ne sera là qu'un calmant pour le système fiscal marocain qui, en réalité, a besoin d'une «réforme et d'une vision globales». Une des tares du système fiscal marocain estime Chiguer, c'est que «la donne change à chaque loi de Finances». Réformer ce système qui du reste est jugé «inéquitable», exige d'abord de «répartir la pression fiscale sur l'ensemble des acteurs et en faire un levier de croissance». Aujourd'hui, ce sont les salariés qui supportent beaucoup plus les pressions fiscales, constate cet économiste. Le réexamen de «tout ce qui est exonération fiscale» s'impose selon Mohammed Chiguer. Il n'est d'ailleurs pas le seul à être de cet avis. Khalid Hariri, député de l'USFP et membre de la Commission des Finances au Parlement abonde dans le même sens. Les riches sont-ils d'accord ? L'exonération fiscale touchant l'immobilier social, qui profite en réalité plus aux promoteurs qu'aux populations démunies, est notamment pointé du doigt, ainsi que celle concernant les grands exploitants agricoles. Le manque à gagner sur toutes ces niches fiscales varie entre 2 et 10 milliards de dirhams ! Chiguer met aussi l'accent sur la croissance économique, que l'Etat ne doit pas négliger. Pour le moment, la priorité du gouvernement en fin de mandat n'est autre que sa taxe de solidarité. Le patronat n'a pas encore donné son avis, mais il faudrait s'attendre d'ores et déjà à une levée de boucliers de certains lobbies qui n'entendent nullement partager leurs privilèges avec les classes sociales les moins favorisées.