A l'origine des températures records recensées dans certaines régions du Maroc, une remontée de masse d'air chaud et sec en provenance du grand Sahara. Le Maroc n'a pas échappé aux records de chaleur qui se sont multipliés depuis le mois de juillet partout dans le monde, et qui touchent à leur fin en ce mois d'août. L'hémisphère Nord – dont le royaume fait partie – a été particulièrement touché, notamment l'Europe et les pays scandinaves, mais aussi l'Asie centrale, l'Extrême-Orient et l'Amérique du Nord. Franceinfo a récemment mis à jour une carte interactive non exhaustive des 293 villes du monde qui ont connu des records absolus de chaleur, sur la base des données recueillies par Maximiliano Herrera, un passionné de météorologie originaire du Costa Rica qui répertorie les bulletins de nombreux pays. Au Maroc, la commune de Bouarfa, dans la province de Figuig, a ainsi enregistré son record de température à l'ombre avec 43,4°. En Algérie, le thermomètre a fortement grimpé, avec des températures atteignant 48,4° à Tindouf, contre 48,3° à Beni Abbes et 48,5° à El Golea. Le 1er août, l'Organisation météorologique mondiale (OMM), institution onusienne, s'inquiétait des fortes chaleurs de la saison estivale 2018. «Tout indique que 2018 figurera parmi les années les plus chaudes jamais enregistrées, avec des températures record dans de nombreux pays. Il n'y a rien d'étonnant à cela. Les vagues de chaleur et les températures extrêmes qui sévissent actuellement cadrent avec les effets attendus des changements climatiques dus aux émissions de gaz à effet de serre. Il ne s'agit pas d'un scénario prévoyant le futur, mais bien de la réalité telle que nous la vivons», soulignait la secrétaire générale adjointe de l'OMM, Elena Manaenkova. Des températures de 5-7 degrés au-dessus de la normale «Les chaleurs de l'été 2018 constituent la continuité de celles observées en 2017 et 2016», nous indique Hussein Youabed, responsable de la communication à la Météorologie nationale. «Ces températures s'expliquent par une remontée de masse d'air chaud et sec en provenance du grand Sahara, ajoute-t-il. C'est ce qu'on appelle le phénomène de chergui». Le spécialiste indique que cette remontée passe par Errachidia, Bouarfa et les régions avoisinantes, «pour traverser les reliefs de l'Atlas et intéresser ensuite les plaines à l'ouest de l'Atlas et même les régions côtières, surtout ces dernières années». Hussein Youabed explique également que la remontée «arrive au niveau de la Méditerranée et se poursuit en Europe. On se retrouve alors avec des températures de 5-7 degrés au-dessus de la normale». Ces records de chaleur trahissent les effets du réchauffement climatique. Justement, la température moyenne de la planète a augmenté de près d'un degré centigrade depuis le début du XXe siècle, rappelle Yves Fouquard, enseignant-chercheur en physique, au portail web d'information Futura-Sciences. «Selon toute vraisemblance, ce réchauffement ne va pas s'arrêter mais au contraire s'amplifier dans les années qui viennent, et ce même si les récents accords de Paris étaient réellement mis en œuvre. S'ils l'étaient, cela permettrait de ralentir, ou peut-être de limiter, ce réchauffement, mais en aucun cas de l'arrêter», prévient le chercheur.