L'Exécutif des musulmans de Belgique (EMB), en crise de fonctionnement depuis des années, peut à nouveau compter sur le financement de l'Etat belge. Cela suffira-t-il à inssuffler un souffle nouveau à un organisme en mal de légitimité et agité par des conflits internes ? D'après l'agence de presse Belga, le ministre belge de la Justice a signé, lundi 29 aout, deux arrêtés royaux «en vue de permettre à l'Exécutif des Musulmans de Belgique (EMB) de gérer les affaires courantes. Les moyens financiers seront mis à sa disposition à court terme». Le communiqué officiel du ministère met fin à sept mois d'arrêt des subventions de l'Etat à l'organisme censé organiser et représenter le culte musulman en Belgique. L'Etat belge a, en effet, cessé de verser ses subventions à l'EMB depuis janvier 2011, rapportait, le 25 août, le quotidien La Dernière Heure. L'islam étant officiellement reconnu en Belgique depuis 1974, l'Etat est donc légalement tenu de subventionner l'organe représentant les musulmans du plat pays. «Il n'y a pas de remise en cause de celui-ci. Le ministre s'engage à régulariser le problème aussi vite que possible», justifiait, le 25 août, le cabinet du ministère de la justice. L'arrêt des subventions s'apparente donc, selon le gouvernement, à une «simple» erreur au niveau des transactions. Le problème serait, en réalité, plus grave. Un coup de pression en plus? Depuis plusieurs années, l'EMB est dans le collimateur du gouvernement belge. Ce dernier a chargé, en 2008, les membres de l'instance d'en réformer les structures, en raison de son absence de représentativité et de plusieurs instructions judiciaires en cours qui provoquaient des tensions au sein de l'Exécutif. Le mandat de l'EMB a été suspendu le 27 mars 2008, puis renouvelé chaque 6 mois. Fin mars dernier, le ministre belge de la justice avait finalement décidé de ne pas renouveler le mandat de l'EMB, faute d'entente au sein de l'insitution. La suspension des subventions, en janvier serait-elle dès lors, un autre moyen de pression du gouvernement belge pour sortir de la crise? Le 7 avril, l'EMB a présenté un projet de réforme de ses institutions, qu'il avait soumis au ministre de la Justice le 1er mars 2011. Le projet a été critiqué au sein même de l'EMB sur le fait que les communautés moins importantes en effectifs n'étaient pas assez représentées. La commission chargée de préparer la réforme avait alors rétorqué que l'EMB avait pour vocation d'organiser le culte musulman : veiller au bon fonctionnement des mosquées, à la nomination des imams et celle des enseignants d'islam. L'EMB est «un organe qui n'est pas politique et qui n'a donc pas vocation à représenter les musulmans», selon la commission. L'apparent manque de consensus autour du projet de réforme s'expliquerait par une guerre de clans en interne. Selon le quotidien Le Soir. D'un côté, il y aurait les «rénovateurs», qui affirment défendre l'indépendance absolue de l'EMB. De l'autre côté, se trouveraient les tenants des grandes fédérations islamiques turques et marocaines, «soupçonnées d'être à la botte des autorités diplomatiques du Maroc et de la Turquie». La reprise du versement des subventions par le gouvernement signifie-t-il que les différentes parties ont enfin trouvé un terrain d'entente ou que la position du gouvernement qui consistait à ne pas verser ces subventions n'est plus tenable puisqu'il a l'obligation légale de les verser à l'EMB?