Tawfik Hammoud: "Le monde est en mutation, mais le Maroc se distingue"    CAN 2025 : Regragui dévoile sa liste pour la double confrontation Maroc-Centrafrique    Salon du cheval : Santé et bien-être du cheval sous le règne du Sultan Moulay Ismail    Francophonie. Du nouveau au XIXème sommet    Genève: le Grand Maître de l'Ordre Souverain de Malte rend hommage à la présidence marocaine du CDH    Le gouvernement adopte deux projets de décrets portant renouvèlement des licences de deux sociétés de télécommunication    « L'alignement avec les enjeux globaux est essentiel pour la compétitivité des entreprises marocaines »    Technologie : le Sénégal, pionnier du cloud souverain en Afrique de l'Ouest    M. Bensaid prend part à la Conférence ministérielle préparatoire au sommet de la Francophonie    Sahara: Le CS programme 3 réunions, l'Algérie se dérobe    Mondial de Futsal: L'Argentine bat la France et file en finale    Le Mondial U-17 féminin aura lieu du 17 octobre au 8 novembre 2025 au Maroc (FIFA)    Medhi Benatia suspendu, l'OM tape du poing sur la table !    Sensibiliser les femmes sur l'importance de la détection précoce    La Fondation AKDITAL vient en aide à 500 enfants de Tafraout et de ses environs    La chasse est ouverte...préserver la biodiversité et lutter contre le braconnage    Adoption en CG d'un PL portant organisation de la profession de commissaire judiciaire    Prix du Maroc du Livre 2024: Les candidatures sont ouvertes    La saison culturelle et artistique s'annonce riche et prometteuse !    IA : la Russie dévoile un robot capable de réaliser des tableaux dans différents styles artistiques    Recensement 2024 : Le Maroc se dotera d'une base de données exhaustive, selon le HCP    Act for AgWater : une initiative pionnière pour l'agriculture    Hicham Sabiry : "Nous souhaitons créer un environnement plus propice à l'investissement"    Prix de la recherche économique : Bank Al-Maghrib prolonge le délai de dépôt des candidatures    Aradei Capital : L'AMMC accorde son visa au prospectus préliminaire d'augmentation de capital    Elim CAN 2025 : Sahraoui, Harkass, Chihab et Ait Boudlal, qui sont les nouvelles recrues de Regragui?    CHAN 2024 : La CAF annonce la date du tirage au sort    Rail : le consortium Ineco-CID remporte un important marché    Une élite à la hauteur du capital historique istiqlalien    Le gouvernement surveille de près la situation des Marocains au Liban en pleine escalade militaire    Tout ce qu'il faut savoir sur la plus grosse fraude de Ponzi de l'histoire du Maroc    Tanger: Ouverture du 16è Forum méditerranéen des femmes chefs d'entreprise    Baïtas: Le gouvernement suit de près la situation de la communauté marocaine au Liban    Liban : Le Hezbollah repousse plusieurs tentatives d'infiltration de soldats israéliens    Présidentielle américaine : les moments clés d'une campagne hors norme    L'Arabie Saoudite craint une baisse du prix baril à 50 dollars    Séisme d'Al-Haouz : Les aides à la reconstruction prolongées de cinq mois    Sommet de la Francophonie 2024 : Les conclusions promettent un nouvel élan pour les créateurs    L'Algérie bloquée aux portes des BRICS ou l'échec d'une diplomatie belliqueuse    Mozambique. Les élections générales pour le 9 octobre    Le Kenya, à la recherche de touristes    Météo: les prévisions du jeudi 3 octobre    Togo. Stratégie pour une éducation de qualité    Fès : lancement de la formation "Trésors des arts traditionnels marocains"    Accra. L'Africa Cinéma Summit prépare sa deuxième édition    Parution : « Le ciel carré », un récit carcéral    Un rapport de l'ONU pointe une "Impunité générale" pour les abus policiers de nature raciste    Mondial de futsal: Le Brésil en finale après sa victoire face à bat l'Ukraine    







Merci d'avoir signalé!
Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.



Les Prophètes du Maroc #1 : Ha-mîm, le messager crucifié de Ghomâra
Publié dans Yabiladi le 28 - 03 - 2018

L'histoire est jalonnée de périodes charnières où une figure charismatique prétend à la prophétie. Elle s'érige en apôtre et en fédère d'autres, qui lui doivent obéissance et soumission. Le Maroc a été marqué par nombre de ces personnages, autour desquels se sont construits des mythes. Ha-mîm, prophète de Ghomâra, en fait partie.
Dans le nord du Maroc, le pays de Ghomâra a marqué l'histoire à travers les siècles, notamment pour avoir vu naître des érudits religieux comme Abdeslam Ben Mchich Alami. Mais avant cela, au Xe siècle, la région a connu une effervescence sans précédent. Sous le nom de Ha-mîm, un homme a prétendu à la prophétie en proposant de réformer l'islam. Il a réussi à transmettre ses idées pendant deux ans, avant de connaître une fin tragique, lorsque les califes omeyyades d'Al-Andalus ont décidé d'effacer son existence.
La génèse d'un prophète
Les historiens indiquent que Ha-mîm a proclamé sa prophétie vers l'année 927. Dans une région où la population est encore peu instruite, il a réussi rapidement à drainer les foules. En effet, Le Livre des exemples, de l'historien et penseur Ibn Khaldoun (1332 – 1406), décrit Ghomâra comme étant habitée, à ce moment-là, par «des bédouins hors-la-loi, illettrés et dépourvus de toute bienveillance».
Ainsi, il explique qu'il n'a pas été difficile pour Ha-mîm de fédérer les populations autour de lui. Ces dernières lui ont accordé leur confiance totale, ayant cru avec conviction en sa prophétie. De son côté, le chercheur orientaliste Alfred Bel (1873 – 1945) précise que le prétendu messie s'est inspiré du Coran pour se choisir un pseudonyme constitué de deux lettres arabes (Ha et mîm), par lesquelles débutent plusieurs sourates du Coran :
«En reconnaissant ouvertement le message de Mahomet et en se tenant aux préceptes de l'islam, Ha-mîm a prétendu réformer l'islam de la même manière que le Prophète a réformé les monothéismes, complétant le judaïsme et le christianisme.»
Par ailleurs, Alfred Bel, comme nombre d'historiens, rappelle la rareté des sources écrites sur l'histoire de Ha-mîm, les seules références exhaustives à ce propos étant celles du géographe et historien andalous Al-Bakri (1014 – 1094), qui a vécu au XIe siècle. «Ces sources, certes rares, nous permettent d'en savoir plus sur la méthode religieuse de Ha-mîm, dont les fondement rejoignent quatre des cinq préceptes centraux de l'islam», explique encore Alfred Bel.
Il indique également que ces préceptes sont inspirés des tribus des Berghouatas, ayant vécu du VIIIe au début du XIe siècle en Afrique du Nord. Par ailleurs, ce peu d'éléments ne permet pas de connaître le message prophétique de Ha-mîm dans son essence, mais il donne un aperçu sur certains interdis, rites religieux et autres habitudes quotidiennes liées à son culte.
Des inspirations monothéistes
Alfred Bel rapporte que Ha-mîm a véritablement essayé de créer un «Coran amazigh», auquel Ibn Khaldoun a fait allusion avant le chercheur dans Le Livre des exemples. Il y évoque comment les gens se sont retrouvés autour de Ha-mîm, qui leur a souvent récité des versets dans leur langue locale.
Historien du XIXe siècle, Ahmad Ibn Khalid al-Nasiri (1835 – 1897) précise dans son ouvrage Kitâb al-Istiqsa que Ha-mîm a conseillé deux prières par jour à ses fidèles :
«L'une au lever du soleil et l'autre au coucher, avec trois prosternations pour chacune, accompagnées de psalmodies de leur Coran : 'Eloigne-moi du pêché, Ô toi qui a sorti Joseph des baleines et Moïse de la mer. En Ha-mîm je crois et en son père. Mon esprit, mon cœur et le plus profond de mon âme croient en lui, en Thalya et en sa sœur'. Ces deux dernières, connues pour leurs pouvoirs magiques, ont souvent été implorées dans les prières.»
Par ailleurs, Ha-mîm a décrété le jeûne durant les premières parties des journées du lundi et du jeudi, en plus du vendredi et de dix jours du ramadan, ainsi que deux jours du mois d'après. Celui qui aura rompu volontairement le jeûne du jeudi doit faire don de trois bovins, tandis que celui qui le fait lundi donnera deux bovins de son bétail et sortira une aumône. Dans un autre registre, Ha-mîm a proscrit la viande porcine, mais il a autorisé la consommation de la truie. Selon les historiens, il a notamment interdit la consommation des œufs.
La crucifixion
En peu de temps, le prophète proclamé a fidélisé nombre d'adeptes autour de lui. Mais deux ans plus tard, les Omeyyades de Cordoue (929 – 1031) ont eu des échos sur ses capacités fédératrices. Ils décident alors de couper court à son élan, susceptible de représenter un danger pour leur pouvoir politique et religieux. Ahmad Ibn Khalid al-Nasiri le raconte, dans Kitâb al-Istiqsa :
«Des soldats andalous ont été envoyés à Ha-mîm. Ils se sont réunis au palais de Masmouda et ont mis en place une stratégie pour éliminer le faux prophète. Celui-ci a été crucifié sur place et sa tête envoyée au roi de Cordoue. Ses fidèles ont également été tués par l'armée omeyyade, et ceux qui y ont échappé sont revenus à l'islam.»
L'agitation qui a accompagné la prédication de Ha-mîm a rapidement évolué vers la lutte ouverte contre les pouvoirs établis. Tous ces derniers ont donc réussi à le faire disparaître, en 928.


Cliquez ici pour lire l'article depuis sa source.