La ville du Détroit a récemment approuvé une convention de coopération avec une association pour réduire le nombre des animaux errants. Un phénomène quasi-cyclique qui, s'il n'est pas enrayé, agit comme un cercle vicieux. Dans le sillage de la ville de Rabat, Tanger a récemment approuvé une convention de coopération avec l'association «Le sanctuaire de la faune de Tanger», visant à lutter contre le phénomène des animaux errants, indique la MAP. Une initiative qui prévoit de mettre en place «les moyens nécessaires pour adopter une approche plus humaniste, en vue de trouver une solution à la problématique des animaux errants», d'après le maire de Tanger, Mohamed Bachir Abdellaoui. En vertu de cette convention, «Le sanctuaire de la faune de Tanger» s'engage à organiser des campagnes de stérilisation des animaux errants au niveau du ressort territorial de la commune de Tanger. L'association se chargera également de contrôler leur nourriture et de les soigner, ainsi que d'organiser, en partenariat avec l'Office national de sécurité sanitaire des produits alimentaires (ONSSA) et le service de santé de la commune, des campagnes de vaccination contre la rage pour préserver la santé publique. De son côté, la commune de Tanger va accorder une subvention de 300 000 dirhams à l'association. Aussi, elle s'engage à offrir un espace destiné à l'accueil de ces animaux, à prendre en charge les coûts de stérilisation et des traitements médicaux, et à empêcher l'utilisation des substances toxiques contre les animaux portant le signe de l'association, précise encore la MAP. «Un agent sanitaire qui agit 24 heures sur 24» Une initiative que salue Ahmed Tazi, président de l'Association de défense des animaux et de la nature (ADAN), contacté par Yabiladi. «L'objectif est que ce genre de programmes pilotes soit étendu au niveau national», espère-t-il. En octobre dernier, la ville de Rabat avait amorcé un premier pas dans ce sens, à travers la mise en place d'un programme pilote d'utilité publique à l'égard de la population canine et féline, en partenariat avec l'ADAN et le Réseau associatif pour la protection animale et le développement durable au Maroc (RAPAD). Il comprenait notamment la stérilisation, la vaccination et l'identification des chiens et des chats errants dans les rues de la capitale. «Nous sommes en train de mobiliser les services du ministère de l'Intérieur, de l'ONSSA, de l'Ordre des vétérinaires et de la wilaya pour faire en sorte que ce programme pilote aboutisse à l'échelle nationale. Mais attention, il faut que ce soit fait de manière professionnelle. C'est-à-dire, à travers une capture humaine et éthique des animaux pour ne pas les traumatiser», prévient Ahmed Tazi. Ce programme prend évidemment le contre-pied des abattages extrêmement violents de Ksar el-Kébir en mars 2016, qui avaient fait bondir la société civile et les ONG étrangères. «Cela fait plus de trente ans que les autorités marocaines tuent les chiens errants. A-t-on pour autant réussi à éradiquer les zoonoses (maladies infectieuses transmissibles à l'homme par les animaux et inversement, comme la rage, la peste ou la tuberculose, ndlr) ? Non, jamais. C'est donc que la solution n'est pas là !», soutient Ahmed Tazi. Jusqu'à 67 000 descendants Amal El Bekri, représentante de l'Afrique du Nord auprès de l'Alliance panafricaine de protection animale (PAAWA), abonde dans le même sens : «Cette méthode, jusqu'à présent préconisée, a montré ses limites. Les pouvoirs publics se rendent compte qu'elle est totalement contreproductive. Lors de la COP22, le RAPAD, l'ONSSA et l'Institut agronomique et vétérinaire Hassan II avaient présenté les résultats d'une étude confirmant que ce procédé est arrivé à terme et qu'il faut désormais opter pour des pratiques plus humaines et efficaces, qui ont déjà fait leurs preuves dans certains gouvernorats d'Inde et en Turquie.» Pour Ahmed Tazi, il faut stériliser, vacciner et relâcher les animaux errants : «Si on relâche un animal sur son territoire, il n'est pas perdu, perturbé et désorienté. Il défend son territoire en ne laissant pas venir d'autres chiens ou chats éventuellement porteurs de maladies : c'est un agent sanitaire qui agit 24 heures sur 24. De même que lorsqu'ils sont vaccinés, ils ne sont plus susceptibles de contaminer l'homme, y compris en cas de morsure.» Reste que les cas de rage au Maroc sont relativement faibles, pense Amal El Bekri, quoi que difficiles à dénombrer car aucune statistique n'est élaborée. Cette militante associative avance une moyenne annuelle de trente cas de rage humaine dans le pays. «Tout dépend de la région et du foyer de contamination.» Enfin, «un animal stérilisé, c'est un animal qui ne se reproduit plus», souligne encore Ahmed Tazi. Sur ce point, Amal El Bekri précise que les populations canines errantes sont, pour la plupart, composées de chiens ayant eu un propriétaire. «Généralement, les chiens se reproduisent de manière aléatoire dans les villages et les campagnes et suivent les gens qui arrivent par charrettes. Comme la stérilisation n'est pas obligatoire, leurs portées sont laissées dans la rue. Au préalable, il y a une infime partie de chiens errants, mais beaucoup sont dit vagants», explique la représentante du PAAWA. D'après elle, une chienne pourrait avoir jusqu'à 67 000 descendants au cours de sa vie. Un chiffre à donner le tournis, que les acteurs associatifs pourraient mettre en avant pour sensibiliser la population sur l'importance de la stérilisation.