La 13e audience des militants détenus du Hirak et la première de l'année 2018 s'est tenue ce mardi à Casablanca. Nasser Zefzafi, chef de file du mouvement, ainsi que trois autres prévenus, n'ont pas assisté à la matinée d'une séance encore marquée par des tensions entre le Parquet et la défense. En grève de la faim depuis neuf jours pour protester contre leur transfert vers des cellules individuelles, des détenus parmi les militants du Hirak, dont Nasser Zefzafi, n'ont pu se présenter ce matin à la Cour d'appel de Casablanca. A la demande du Parquet et conformément aux dispositions du Code de la procédure pénale, ils ont été notifiés d'un avertissement et conduits au tribunal cet après-midi, où se sont déroulées les suites d'une audience sous tension. Les deux versions se confrontent Dès son ouverture, l'audience tenue aujourd'hui a été marquée par un débat houleux entre les avocats de la défense et le Parquet. Ce dernier considère que les détenus n'ont pas répondu à leur convocation au tribunal. Ajoutant que les concernés avaient fait l'objet d'un examen médical en prison, il affirme que les détenus se portent bien. C'est ce que réfutent les avocats de la défense, pour qui «on ne peut pas être dans un état de santé normal après neuf jours de grève de la faim». Membre de la défense, Bouchra Rouissi confie à Yabiladi que Nasser Zefzafi et les trois autres absents «ne boivent plus d'eau non plus depuis trois jours», mais qu'à la dernière visite auprès d'eux, «ils ont affirmé qu'ils continueront à assister à toutes leurs audiences». De son côté, Abderrahim Jamaï a souligné ne pas tenir compte du procès verbal du Parquet, selon lequel l'absence des quatre détenus serait un «boycott». Pour l'ancien bâtonnier, il ne s'agit pas d'un document officiel et son contenu est à débattre. Par ailleurs, l'avocat dément toute visite médicale en prison et exige du Parquet une expertise médicale pour connaître véritablemnt l'état de santé de Zefzafi et de ses compères. Tensions à la Cour d'appel Conduite en ambulance après avoir perdu connaissance en pleine audience, la mère de Mohamed Jelloul avait pris la parole pour rappeler que son fils «n'était pas un ennemi de la Nation», qu' «il ne faisait que défendre ses droits». Plus tard dans l'après-midi, Nasser Zefzafi a été amené au tribunal, sans avoir l'autorisation de s'exprimer. Les avocats de la défense ont protesté de nouveau, précisant au procureur qu'il fallait «donner la parole» au prévenu pour «écouter ses explications quant à son absence ce matin». L'avocate Bouchra Rouissi, qui a vu Zefzafi avant son arrivé au tribunal, explique à Yabiladi que ce dernier «soufre de vertiges» et qu'il était dans un état fébrile. «Les détenus s'étaient engagés à mettre fin à leur grève de la faim, en recevant des promesses de la direction de la prison pour améliorer leur situation de détention, nous affirme-t-elle. Mais le directeur n'a pas tenu ses engagements». Les détenus revendiquent, entre autres, le droit de communiquer par téléphone avec leurs proches, ce que la direction pénitentiaire ne leur a pas encore rendu possible, selon leurs avocats. Article modifié le 03/01/2018 à 01h29