Alors qu'une audience est prévue aujourd'hui dans le cadre du procès de Nasser Zefzafi et d'autres militants du Hirak à Casablanca, ces derniers ont entamé, depuis hier lundi, une grève de la faim. Réponse de l'administration pénitentiaire : les concernés ont été tous mis dans des cellules individuelles. Annoncée avant-hier par les détenus du Hirak à Casablanca, une grève de la faim illimitée a été entamée ce lundi. Les détenus protestent ainsi contre des intimidations dont ils disent avoir fait l'objet. En réaction, l'administration pénitentiaire d'Oukacha a décidé de transférer tous les grévistes dans des cellules individuelles. L'information a d'abord fuité sur les réseaux sociaux. Contactée par Yabiladi, l'avocate Naima El Gallaf, membre de la défense des détenus, nous a confirmé que ces derniers avaient «entamé la grève de la faim depuis hier en signe de protestation. La direction des prisons les a transférés vers des cellules individuelles, mais elle n'a donné aucune explication sur les raisons de cette décision». Dans un entretien avec Yabiladi, l'avocat Abdessadek El Bouchtaoui explique de son côté que ce transfert «ne peut être qu'une mesure disciplinaire à l'encontre des détenus. En effet, la décision a été prise juste après que ces derniers ont fait savoir à l'administration pénitentiaire qu'ils entameraient une grève de la faim». L'avis a été communiqué à l'administration de la prison d'Oukacha, à l'administration pénitentiaire régionale, à la Délégation générale à l'administration pénitentiaire et à la réinsertion, au Procureur, ainsi qu'au Conseil national des droits de l'Homme (CNDH). Des audiences houleuses En plus d'intimidations contre lesquelles il proteste par ce biais, le groupe de Nasser Zefzafi veut également exprimer sa solidarité avec l'un des détenus du Hirak, qui a été privé de visites familiales, selon l'avocat membre de la défense. Cette mobilisation intervient à la veille d'une nouvelle audience. La séance prévue aujourd'hui à la Cour d'appel de Casablanca est consacrée à la suite du réquisitoire du Parquet général. Celle de la semaine dernière a été marquée par un vif échange entre le Procureur et les avocats de la défense, qui reprochent au tribunal d'«occulter les allégations de torture dont les militants ont fait l'objet lors de leur arrestation». Le contexte actuel de tensions n'augure pas une accalmie entre les deux parties. Le Parquet général réfute les accusations de torture, «sans avoir ouvert une enquête pour les vérifier», précise Me El Bouchtaoui. Pour toutes ces raisons, ce dernier nous confie qu'il envisage de boycotter la séance de ce 26 décembre, «en solidarité avec les détenus et jusqu'à ce que le tribunal se penche sur ces allégations de torture en effectuant une investigation».