Après plus de quatre décennies de parti unique, la direction du Polisario entend monter sa propre opposition. Elle a décidé de dérouler le tapis rouge au comité de coordination de l' «Initiative sahraouie pour le changement» et le préparer à porter la voix des sans voix. L'Algérie et la direction du Polisario continuent de vieller sur l' «Initiative sahraouie pour le changement». Hier, elle a autorisé un membre du comité de coordination de l'ISC à mener une campagne promotionnelle dans les camps de Tindouf. Du jamais vu. Le choix de confier cette mission communicationnelle à Ouallad Moussa, le cousin de M'Hamed Khadad, coordinateur avec la Minurso, était savamment calculé et préparé d'avance. Ces derniers jours, l'homme était sous les projecteurs des médias sahraouis, aidé en cela par les responsables du camp Rabouni. Pour rappel, cet ancien représentant du Front aux Iles des Baléares avait été démis de ses fonctions par son supérieur hiérarchique, le «ministre des Affaires étrangères». Le comité de coordination de l'ISC n'espérait pas pareil cadeau, à peine six semaines après le lancement de son «initiative». Rompre avec le modèle de parti unique Une décision qui a nettement boosté les actions de l'ISC auprès d'une opinion sahraouie en quête de nouveaux leaders. En témoigne l'accueil populaire réservé, hier, au vu et au su des amis de Brahim Ghali, à Ouallad Moussa dès son arrivée avec en prime le long cortège de voitures qui l'a accompagné jusqu'au «camp Smara». Une séquence digne d'une campagne électorale. Le retour du cousin de M'Hamed Khadad marque en effet le début effectif de l'ISC sur la scène sahraouie. Des réunions sont d'ailleurs au programme en vue de promouvoir un mouvement politique en gestation. Une source contactée par Yabiladi explique ainsi le contexte : «L'objectif principal de l'ISC est de redorer le blason de la direction du Polisario, notamment sur la scène internationale. Elle lui permet de renvoyer d'elle l'image d'une force qui tolère l'opposition.» Par le passé, le Front a veillé à tuer dans l'œuf tous les projets réformistes. En 2010, Mustapha Ould Salma n'avait pas bénéficié du même traitement. Arrêté et torturé pour finalement être expulsé vers la Mauritanie alors qu'il avait seulement manifesté son intention de défendre le plan d'autonomie marocain. Même fin de non reçevoir pour le «Mouvement des jeunes du 5 mars», trop radical aux yeux du Polisario. L'ISC est porté par un comité de coordination composé de trois personnes dont notamment El Hadj Ahmed Barakallah, le frère de Boukhari Ahmed et représentant du Polisario à l'ONU, et Ouallad Moussa.