Lors des 24 et 25 décembre, les Marocains de confession chrétienne commémorent la naissance de Jésus-Christ. Mais cette occasion n'est pas souvent associée à la fête. Les convertis se battent pour faire respecter nombre de leurs droits. L'un d'entre est le fait de fêter librement Noël. Comment célèbrent-ils alors cette période de l'année et quels sont les obstacles qu'ils rencontrent ? C'est lors de cette période de l'année que les Chrétiens célèbrent Noël partout dans le monde, pour commémorer la naissance de Jésus-Christ. Les festivités sont associées à la joie de se retrouver en famille et aux festins. Mais les Marocains convertis au christianisme rencontrent beaucoup de difficultés, alors qu'ils tentent de célébrer librement Noël, dans un pays où l'Islam est religion d'Etat. Deux semaines plus tôt, les Chrétiens du Maroc ont adressé leurs doléances à Saâdeddine El Othmani, Chef du gouvernement, et aux présidents des deux chambres parlementaires. Dans leur lettre, ils demandent à avoir le droit de pratiquer leur foi librement, sans avoir à se cacher. Des obstacles implicites Parmi leurs revendications figure celle de pouvoir fêter Noël librement, comme le précise Jawad El Hamidy à Yabiladi. Ce dernier est à la tête du Comité marocain des minorités religieuses. Il indique que les célébrations de cette années «n'ont pas été interrompues [et] il n'y a aucun atteinte explicite pour réduire la liberté de ces convertis.» Selon l'activiste, les célébrations de Noël au Maroc sont souvent marquées «par une forte présence policière». Et d'ajouter que «les autorités clament ne pas avoir de problèmes avec les minorités religieuses alors qu'ils adoptent une approche qui empêche de célébrer les fêtes religieuses». Pour donner un exemple, Jawad El Hamidy a parlé de la difficulté annuelle rencontrée par les chrétiens durant cette saison de fête. «Quand les chrétiens demandent à utiliser des institutions publiques (salles de conférences par exemple) pour y célébrer Noël, c'est impossible à faire», déclare le président du comité marocain des minorités religieuses. La même chose arrive quand ils essayent de louer des locaux privés ou des espaces hôteliers, ajoute la même source. Un cercle vicieux Selon l'activiste, les Chrétiens marocains convertis fêtent Noël secrètement chez eux, comme ils l'appellent les «églises-maisons». «Il n'y a pas de reconnaissance officielle de cette minorité religieuse et c'est ce qui la pousse à pratiquer sa foi et à fêter Noël de cette manière clandestine», ajoute-t-il. Comme l'explique Jawad El Hamidy, pour pouvoir fêter Noël dans des institutions publiques, les chrétiens doivent faire leur requête à travers une association autorisée. Cela ne peut arriver, indique le président du comité, car à chaque fois que les minorités religieuses tentent de créer une association, les autorités refusent de leur donner une autorisation pour organiser de tels événements. Un cercle vicieux qu'observe le président du Comité marocain pour les minorités religieuses. «J'ai aidé fait de la médiation entre les chrétiens et les autorités locales au niveau des procédures administratives. J'ai remarqué qu'à chaque fois qu'ils essayaient de créer une association, leurs requêtes étaient rejetées», constate l'activiste. «Les autorités ne veulent pas coordonner avec ces minorités et ne sont pas disposées à répondre à leurs demandes.» Revendiquer d'autres droits Cette situation est vécue par de nombreux chrétiens, comme Mohamed Saïd, qui s'identifie comme étant un simple citoyen marocain de confession chrétienne. Il confie ainsi à Yabiladi : «Les chrétiens marocains célèbrent Noël d'une manière normale et discrète, mais je dois reconnaître que près de 80% d'entre eux le font d'une manière secrète, chez eux». Sur la question de la discrimination, la même source indique que «la persécution est présente, mais elle ne se ressent pas dans le quotidien et elle n'est pas systématique». «Cette année les célébrations ont eu lieu de manière fluide, mais je crois qu'il reste beaucoup à faire. Nous voulons pratiquer notre foi ouvertement et je crois que les deux partis peuvent contribuer à cela, en y travaillant ensemble. J'entends par là les autorités marocaines et les responsables des églises au Maroc». Selon Mohamed Saïd, la Constitution de 2011 devrait préserver les droits des convertis pour qu'ils puissent pratiquer leur culte. Pour arriver à cette fin, les Marocains de confession chrétienne ne veulent plus cacher leur religion. Ils se battent encore pour leur liberté religieuse et en avril dernier, une délégation représentant la Coalition des chrétiens marocains a été reçue par Mohammed Sebbar, secrétaire général du Conseil national des droits de l'Homme (CNDH). Lors d'une conférence à Salé, le responsable a annoncé que son institution avait l'intention d'appuyer de saisir le gouvernement El Othmani quant à la situation des minorités religieuses au Maroc. Cela ne concerne pas seulement Noël. Ces Marocains veulent obtenir de nombreux droits comme celui d'inhumer leurs proches dans les cimetières chrétiens, utiliser des noms de leur religion et décider si leurs enfants étudieront ou non les cours d'éducation islamique à l'école.