Jamais à cours de polémique, Marine Le Pen s'est exprimée, dans une émission diffusée le 30 juin dernier, en faveur du retour au choix de «prénoms français» issus du calendrier. La présidente du Front National (FN) arguait que cela favoriserait l'intégration des enfants d'origine étrangère nés en France. Sur un autre plateau, le même jour, Jean-Marie Le Pen estimait qu'une telle mesure réduirait les discriminations à l'emploi. Invitée jeudi dernier dans le cadre de l'émission Elections 2012, diffusée sur Youtube, Marine Le Pen répondait à une internaute qui lui demandait si elle approuverait un retour au choix des prénoms français provenant du calendrier grégorien, pour les enfants nés en France. Pour la présidente du FN, «le fait de donner un prénom français à ses enfants quand on a obtenu la nationalité française ou quand on est d'origine étrangère a été un des éléments qui a extrêmement bien fonctionné dans l'histoire de France pour que l'assimilation se fasse très rapidement, cela a été le cas pour les Italiens, les Portugais, les Espagnols, les Polonais, ils donnaient un prénom français à leurs enfants». «Un moyen d'assimilation très efficace, et très performant», ce sont les mots qu'elle a utilisés pour décrire cette mesure, avant d'ajouter qu'un prénom à consonance étrangère, donné pour garder un lien avec le pays ou la culture d'origine, retardait l'integration des enfants issus de l'immigration et rendait leur vie «probablement plus compliquée». Marine Le Pen, dans Elections 2012 Même son de cloche pour son père, Jean-Marie Le Pen, qui était plus tard dans la soirée invité sur le plateau d'iTélé dans le cadre de l'émission Elysée 2012. L'ancien leader d'extrême droite a avancé que «ceux qui désirent être Français doivent porter plutôt des prénoms à consonance française», avant d'ajouter «on n'est pas Français par son prénom, mais (…) c'est plus facile pour un garçon qui s'appelle Jean-Marie Benazar de trouver une place (dans le marché du travail, NDLR), que celui qui s'appelle Mohamed Benazar». Si la famille Le Pen dit vouloir opérer dans un soucis d'intégration des immigrés, leur projet laisse entendre un retour sur des acquis qui ont plusieurs décennies. Un retour en arrière... Pour rappel, la France a pendant longtemps restreint le choix des prénoms à ceux du calendrier et d'une liste établie. «... les noms en usage dans les différents calendriers, et ceux des personnages connus dans l'histoire ancienne pourront seuls être reçus, comme prénoms, sur les registres de l'état civil…» stipule une loi datant de l'époque de la Révolution française (Loi du 11 germinal an XI, fin du 18e siècle). Cette mesure est «progressivement abandonnée dès 1966 lorsque l'Instruction ministérielle du 12 avril élargit le répertoire de prénoms recevables à des prénoms emprunts à la mythologie ainsi qu'à des prénoms régionaux et composés» , selon la législation française sur les prénoms. Mais c'est depuis 1993, avec l'Article 57 du Code civil, que la loi a considérablement assoupli sa législation en garantissant l'acceptabilité de n'importe quel prénom. Si Jean Marie Le Pen a par ailleurs souligné qu'un prénom musulman implique «une adhésion religieuse et différentielle», la plupart des prénoms du calendrier grégorien, sinon tous, sont pourtant des prénoms chrétiens. Suivant ce raisonnement, comment est-ce que choisir un prénom tiré du calendrier grégorien, n'impliquerait-il pas une «adhésion religieuse»?