L'émission «Faites entrer l'invité», diffusée sur Radio 2M en collaboration avec Yabiladi, donne aujourd'hui la parole à des familles marocaines ayant vu leurs enfants partir vers la Libye dans l'espoir de rejoindre l'Italie, une des portes de l'Europe les plus prisées. Toutefois, ce chemin vers l'eldorado a tourné au cauchemar, quand des centaines de Marocains se sont retrouvés dans des prisons libyennes, ou pire encore, ont fait l'objet de demandes de rançon de groupuscules en Libye. Aspirer à un avenir meilleur, à un certain confort financier, c'était le rêve initial de ces centaines de jeunes Marocains. Mais les choses ne sont pas passées comme prévu : leur voyage clandestin vers l'Europe s'est arrêté en Libye où ils sont aujourd'hui captifs, très souvent dans des conditions inhumaines. Ce mercredi, l'émission «Faites entrer l'invité», présentée par Fathia El Aouni, rédactrice en chef de Radio 2M, et Mohamed Ezzouak, directeur de publication de Yabiladi, est revenue sur le cauchemar de ces jeunes Marocains harponnés en Libye, entassés les uns sur les autres dans des cellules minuscules et insalubres, et parfois réduits à l'état d'esclave, que l'on revend pour in fine rançonner sa famille ou les autorités du pays d'origine. L'émission a donné la parole à Mbarka, Ismail et Hamid, trois membres de trois familles distinctes qui partagent un seul point commun : leurs enfants, qui sont dans la même tranche d'âge, aspirent tous à un avenir meilleur en Europe. Azzedine Tabit, membre de la coordination des Marocains résidant en Libye, s'est également exprimé au micro de Radio 2M. Le calvaire libyen Cantonnés depuis plusieurs mois dans les centres de rétention, ces ressortissants ont récemment commencé à enregistrer des vidéos et à les publier sur le site de l'instance officielle libyenne chargée de la lutte contre l'immigration clandestine, dans l'espoir d'une intervention des autorités marocaines. Hier matin, les familles des ressortissants marocains détenus en Libye ont manifesté devant le ministère chargé des Marocains résidant à l'étranger et des Affaires de la migration. Le fils de Mbarka a 22 ans. Il a quitté son Fkih Ben Salah natal (région de Béni Mellal-Khénifra) il y a cinq mois. «Je n'ai plus de nouvelles de mon fils depuis qu'il est parti tenter sa chance en Europe. C'était l'idée de ses amis, il voulait concrétiser et réaliser ses rêves en Europe. Au Maroc, il n'a pas réussi à trouver de travail», précise-t-elle à l'antenne. Si Mbarka a essayé de dissuader son fils de partir, elle n'en a pas cru ses yeux lorsqu'elle est tombée sur une image de lui dans une vidéo circulant sur internet. «J'ai vu mon fils, il a été secouru lors d'une opération de sauvetage par les autorités libyennes… J'ai cru qu'il était mort», enchaîne-t-elle. Hamid et Ismail ont réussi à avoir un contact avec leurs fils respectifs emprisonnés en Libye après avoir tenté l'émigration clandestine vers l'Italie. Ils déplorent l'état d'insalubrité dans lequel vivent leurs enfants, soulignant la fragilité de l'état psychologique dans lequel ils se trouvent, ainsi que les denrées alimentaires insuffisantes. Azzedine Tabit, membre de la coordination des Marocains résidant en Libye, a insisté sur le fait que la fermeture de l'ambassade du Maroc à Tripoli, début 2015, a empiré la situation. «Nous nous retrouvons avec des centaines de Marocains cantonnés dans des centres de rétention, sans que les autorités marocaines ne leur donnent des papiers pour rentrer chez eux dignement», s'est-il indigné à l'antenne. Il a profité de son passage dans l'émission pour lancer un appel au gouvernement marocain et au roi Mohammed VI pour trouver une solution à ces centaines de jeunes Marocains et les rapatrier enfin vers le Maroc.