Le 9 juin dernier, la maire adjointe du 9ème arrondissement de Lyon, a demandé à une femme musulmane d'enlever son voile lors de sa cérémonie de mariage. Depuis, la polémique enfle. La Coordination contre le Racisme et l'Islamophobie (CRI) crie au «chantage illégal», la maire se défend, indiquant qu'elle appliquait les lois de le République et que la mariée n'avait pas mal pris son injonction. Le maire de Lyon a demandé un rapport sur cette affaire. Un mariage comme un autre. Ou presque. Le 9 juin dernier, Samira et Ali (noms changés) se sont mariés à la mairie du 9ème arrondissement de Lyon. Selon le site Ajib.fr, «et instant unique qui entame le début d'une nouvelle vie devait être marqué par la réjouissance et le bonheur. Pour ce jeune couple musulman, il s'est transformé en un cauchemar.» Des mots durs qui montrent à quel point la polémique est en train d'enfler. En cause, Fatiha Ben Hamed, adjointe au maire et conseillère régionale pour Europe Ecologie-Les Verts. Lors de la cérémonie de mariage, elle aurait demandé à la jeune mariée d'enlever son voile. Lyoncapitale.fr rapporte un «malaise perceptible» durant la cérémonie, un malaise que l'adjointe n'aurait cependant pas ressenti. «J'ai demandé à la mariée d'enlever son voile avant la lecture des articles du code civil, confirme-t-elle à 20minutes.fr. Elle s'est exécutée sans un mot. Et ça n'a perturbé personne. Nous sommes dans une mairie, il y a des signes ostentatoires qui ne sont pas permis.» En somme, Fatiha Ben Hamed n'aurait que «fait respecter les lois de la République». Des lois de la République malmenées ? L'adjointe est allée vite en besogne en invoquant les «lois de la République» et les «signes ostentatoires». Car porter des signes ostentatoires n'est pas interdit pour les usagers des services publics. Une interdiction n'existe que pour les établissements scolaires (Circulaire N°2004-084 du 18 mai 2004) et pour la dissimulation du visage dans l'espace public (loi dit sur le voile intégral du 11 octobre 2010, entrée en vigueur le11 avril 2011). Concernant les mariages, la circulaire du 22 juin 2010 prévoit que l'identité des mariés doit être contrôlée, mais «afin d'éviter les incidents lors de la célébration ou d'en troubler la solennité, il conviendra d'obtenir la production d'une pièce d'identité avant la célébration, lors de la constitution du dossier de mariage.» La circulaire mentionne le principe de «publicité du mariage», qui implique que «tout intéressé […] doit, au moment de la célébration, être en mesure de s'assurer par lui-même de l'identité des époux pour pouvoir, le cas échéant, former opposition au mariage.» Le texte suggère par ailleurs que «le port d'une pièce vestimentaire dissimulant le visage d'un des futurs époux ou d'un témoin, quelle ait une vocation religieuse, traditionnelle ou décorative, ne permet pas à l'officier de l'état civil de contrôler le consentement des époux ni de s'assurer de l'identité, ce qui fait notamment courir le risque de substitution de personne». Pourtant, comme le relève Abdelaziz Chaambi, président de la Coordination contre le Racisme et l'Islamophobie (CRI), «il ne s'agissait ni d'un niqab, ni d'un tchador. La jeune femme était en pleurs devant sa famille. Elle a vécu comme une véritable humiliation de devoir enlever son voile.» Indignation aussi du côté de la Grande mosquée de Lyon. Son recteur, Kamel Kabtane, estime que la demande d'enlever le voile était un acte islamophobe. Le maire du 9è arrondissement de Lyon, Alain Giordano, est quant à lui resté prudent et a demandé un rapport.