Rien ne va plus entre Abdelilah Benkirane et Mustapha Ramid. Le ministre d'Etat chargé des droits de l'Homme a décidé de riposter sur les réseaux sociaux aux accusations portées à son encontre la semaine dernière par le secrétaire général de la Lampe. Une riposte qui intervient seulement deux jours après les sanctions royales visant huit ministres du gouvernement Benkirane. Les divergences entre les ténors du PJD sont de plus en plus criantes. En témoigne la dernière sortie de Mustapha Ramid visant son "frère" Benkirane. Après avoir attendu six jours, il a décidé hier soir de riposter sans ménagement aux déclarations d'Abdelilah Benkirane, datant du samedi 21 octobre à l'occasion d'une réunion interne avec les élus de la Lampe, accusant Ramid, mais sans le citer nommément, d'avoir boudé la campagne électorale du parti lors des législatives du 25 novembre 2011 pour accomplir le Hadj. Le ministre d'Etat chargé des droits de l'Homme n'était d'ailleurs pas le seul dans la ligne de mire. D'autres hauts cadres de la formation islamiste ont subi les foudres de Benkirane, au point d'attribuer la victoire des islamistes à ses propres efforts. Ramid est contre le 3e mandat Tout en reconnaissant l'engagement du n°1 du PJD, Mustapha Ramid constate, non sans regrets, que la «dépréciation» de la contribution des «frères» tranche complétement avec les orientations du 16 octobre exhortant les membres de cesser de s'invectiver sur les réseaux sociaux. Pour mémoire, Benkirane avait déploré dans un message que les échanges entre les PJDistes outrepassent les règles du débat, à savoir le respect des positions des autres, et virent aux insultes et à l'échange de noms d'oiseaux. Endossant l'habit de l'avocat, Ramid a démenti catégoriquement les «allégations» du secrétaire général, affirmant que dès son retour au Hadj il avait pris part à la campagne du scrutin du 25 novembre 2011 «avec les membres du parti à Casablanca, Sidi Bennour, Oujda, Berkane, Tiznit, Laâyoune et Boujdour…», a-t-il martelé. Comme dans un procès où l'avocat assomme le mis en cause par des questions, Ramid demande à Benkirane si réellement il n'était pas à la hauteur aux législatives de 2011, «pourquoi alors l'avoir proposé comme membre du gouvernement ? Et pourquoi l'avoir proposé comme membre du secrétariat général à l'issue du 7e congrès ? Et pourquoi avoir tenu à répéter à maintes reprises que vous ne voyez pas quelqu'un d'autre mieux placé que lui (Ramid) pour diriger le parti». Le ministre d'Etat chargé des droits de l'Homme s'est empressé de répondre en expliquant les accusations de Benkirane portées à son encontre par son rejet de son projet de 3e mandat. Ramid a révelé depuis sa page Facebook qu'il avait exprimé sa position sur ce sujet à l'occasion d'une discussion avec Benkirane remontant à deux ans. Il a promis de revenir sur cette question lors d'une prochaine intervention. Coïncidence ? le timing de la riposte de Mustapha Ramid intervient seulement deux jours après les sanctions royales contre huit ministres du gouvernement Benkirane.