Le PJD a tenu ce samedi une session extraordinaire de son Conseil national. Benkirane et ses fidèles ont réussi à placer le projet du 3e mandat au cœur des débats de la réunion. La prochaine confrontation avec les amis d'El Othmani sera l'élection des congressistes à prendre part au conclave de mi-décembre. Abdelilah Benkirane a été la vedette de la session du Conseil national du PJD, tenue ce samedi à Rabat. Le secrétaire général a saisi la tribune du «parlement de la Lampe» pour se présenter en une «autorité morale» soucieuse de l'unité du parti, en grand défenseur de la liberté, de la démocratie interne du parti et surtout de l'indépendance décisionnelle du parti vis-à-vis de l'influence de certains centres de pouvoirs. Ce dernier point est en effet la principale arme entre ses mains pour déstabiliser ses opposants au sein du secrétariat général. Son discours, très attendu par les islamistes et l'opinion publique, n'a pas manqué de critiques indirectes adressé au «courant des ministres». «Ni moi ni mon épouse n'avons pleuré la perte du ministère comme l'ont fait certains frères.» Des paroles habilement distillées qui ne manqueront pas d'alimenter les spéculations sur les identités des PJDistes ayant fait des mains et des pieds pour arracher un maroquin au sein du cabinet El Othmani. La bataille pour le 3e mandat est officiellement lancée Benkirane aura ainsi réussi son prestation devant le conseil national du PJD. Il s'est gardé de poser publiquement la question du 3e mandat, laissant le soin à ces fidèles de le placer au cœur de la session extraordinaire grâce à de multiples déclarations à la presse venue en masse pour couvrir l'événement. Une activité bien visible qui tranche avec la réserve voire même la gêne des amis d'El Othmani d'aborder ce point. En témoigne le refus de Mustapha Ramid de répondre aux questions des journalistes. Le ministre d'Etat chargé des droits de l'Homme les a redirigé vers le secrétaire général. Pour les partisans de Benkirane, le bilan de la réunion du «parlement du PJD» ne peut qu'être satisfaisant. La proposition d'amener l'article 16 du règlement intérieur du parti a, ainsi, quitté les réseaux sociaux pour être au cœur du débat entre islamistes des quatre coins du Maroc. Cette bataille remportée n'est cependant que la première étape dans un long processus qui va durer jusqu'à la tenue du prochain congrès, prévu mi-décembre. La prochaine étape sera pour Benkirane et ses fidèles, les congrès régionaux qui éliront les congressistes qui prendront part au prochain grand conclave. S'ils parviendront à gagner cette autre bataille, le chemin du 3e mandat de Benkirane sera totalement balisé.