Et si Benkirane, tel un phénix renaissant de ses cendres ? Pour que son limogeage ne rime pas avec fin de carrière politique, ses fidèles tentent de relancer le projet d'un 3e mandat à la tête du PJD. Le projet d'un 3e mandat d'Abdelilah Benkirane à la tête du PJD ne serait pas enterré. «Les fidèles du chef de gouvernement d'expédition des affaires courantes tenteraient de relancer l'idée», nous confie une source. Ils estiment qu'avec une autre personne aux commandes, le parti risquerait d'aller vers l'implosion. Les animateurs de ce courant mènent actuellement une campagne contre ce qu'ils qualifient de «concessions» faites par Saâdeddine El Othmani, notamment son accord sur la participation de l'USFP au gouvernement alors que le PJD l'avait considéré comme étant une ligne rouge à ne pas franchir. Cette opération, ajoute la même source, vise à préparer la base au grand retour de Benkirane via les réseaux sociaux et les médias proches de la Lampe. La présentation officielle du cabinet El Othmani pourrait rallier davantage de militants déçus, au projet du 3e mandat de l'actuel secrétaire général. D'autant plus qu'en février dernier, la désignation par le conseil national des membres de la commission préparatoire du prochain congrès, avait consacré que des fidèles de Benkirane. En 30 ans d'action politique, le PJD s'identifie à Benkirane «Pour l'instant Benkirane ne serait pas enthousiaste à l'idée mais les arguments présentés par ses fidèles -notamment la menace de la partition du parti- pourraient le convaincre de réviser sa position», explique notre interlocuteur. Pour rappel, c'est lui qui avait porté le projet dès la moitié des années 80 et mené les négociations avec le ministère de l'Intérieur pour autoriser la Jamaât Attawhid wa Attajdid. Et c'est encore lui qui fut à l'origine de la fusion de son entité avec la Ligue de l'action islamiste d'Ahmed Raissouni pour former, en 1996, le Mouvement unicité et réforme. Sans oublier que, grâce à ses bonnes relations avec Driss Basri, il avait permis à neuf députés islamistes d'accéder, pour la première fois en 1997, à la Chambre des représentants sous la bannière du Mouvement populaire démocratique constitutionnel (MPDC) d'Abdelkrim El Khatib. Le bilan de ses trente années d'action politique, le succès du PJD aux dernières législatives compris, est sans appel : le PJD s'identifie énormement à Benkirane. Outre le risque d'implosion, le scénario à la Medvedev n'est plus possible au PJD. Les prochaines élections législatives sont prévues pour l'automne 2021 alors que le mandat du prochain secrétaire général de la Lampe devrait arriver à terme en 2022. S'il décidait de passer son tour en 2017, Abdelilah Benkirane ne pourrait plus vraiment espérer un retour en cas de victoire des islamistes aux législatives de 2021.