Le 2 octobre coïncide avec la journée mondiale de l'habitat. A cette occasion, le Haut-commissariat au Plan a publié une note d'information sur les statistiques des sans-abri. L'occasion de faire le point sur les actions engagées par le tissu associatif pour venir en aide à cette population. 7 226. C'est le nombre de sans-abri au Maroc en 2014, selon les données issues du recensement général de la population de la même année. De plus, 89% des sans-abri vivent en milieu urbain. Cinq régions concentrent plus de 73% des sans feu ni lieu, dont 23% au niveau de la région Casablanca-Settat, suivie de Tanger-Tétouan-Al Hoceima avec 14%, Fès-Meknès avec 12,4% et Rabat-Salé-Kenitra avec 11,6%. Sans papiers, les sans-abris sont livrés à eux-mêmes, sans aucun soutien ou effort véritables de l'Etat pour leur garantir le strict minimum : le droit au logement, qui s'inscrit dans les droits à caractère économique, social et culturel. En outre, au Maroc, peu nombreuses sont les associations qui œuvrent en ce sens «en raison du danger qui en découle, notamment le contact avec les personnes droguées», juge Hind Laidi, fondatrice et présidente de l'association apolitique Jood (la bonté), basée à Casablanca, qui agit pour «la dignité des sans-abri». Des vaches immatriculées, mais pas des hommes ! L'association, qui s'appuie uniquement sur les dons des particuliers, mène régulièrement des patrouilles de bienveillance dans des quartiers où se concentrent les sans-abri, pendant la nuit, pour distribuer nourriture, vêtements, couvertures ou encore médicaments. «Ça nous est arrivé de prendre en charge des sans-abri qui nécessitaient une prise en charge médicale, notamment une opération chirurgicale», fait savoir la présidente de l'association. Parmi les sans-abri, certains sont «sauvables», explique Hind Laidi, motivés par l'envie de retrouver une vie «normale», tandis que d'autres sont trop fragilisés par la drogue pour être dans cette optique. «Pour les personnes qui peuvent encore être sauvées, nous cherchons à les aider, notamment via des annonces que nous publions pour leur trouver un emploi et leur permettre ainsi de s'insérer dans la vie», explique la présidente de Jood. Or, un autre problème se pose pour les sans-abri : en plus de ne pas avoir de domicile fixe, ils sont souvent sans-papiers. Cet état de fait complique leur insertion. «On en est à la troisième génération de sans-abri au Maroc. Il y a des enfants qui sont nés dans la rue, leurs parents également ainsi que leurs grands-parents. Beaucoup d'entre eux n'ont pas d'acte de naissance et donc pas de carte d'identité nationale», note la fondatrice de Jood. Seule l'issue juridique reste envisageable - quoi que longue - pour engager une procédure afin d'être déclaré à l'état civil. «C'est une procédure qui nécessite au moins trois ans pour aboutir. Comment va faire un sans-abri dépourvu de moyens pour engager un avocat ?», s'interroge-t-elle. «Il est inconcevable que des vaches soient immatriculées dans notre pays alors que des hommes et des femmes ne le sont pas.» «En tant qu'association, nous voulons bien engager une aide en ce sens sauf que nos moyens sont limités. Nous ne disposons pas des moyens humains et financiers pour créer un département juridique qui pourrait se charger d'une si longue procédure», déplore Hind Laidi.