Les jeunesses des trois partis politiques formant la Fédération de la gauche démocratique ont appelé à l'organisation d'une marche nationale le 8 octobre prochain à Casablanca en solidarité avec les détenus du Hirak ayant entamé une grève ouverte de la faim. Au moment où près d'une vingtaine d'organisations invitées à prendre part à cette marche ont répondu présentes, l'invitation n'a pas été adressée à Al Adl Wal Ihsane. Près d'une vingtaine d'organisations politiques, syndicales et associatives ont annoncé cette semaine leur participation à la marche nationale prévue à Casablanca dimanche 8 octobre en solidarité avec les détenus du Hirak, en grève ouverte de la faim depuis plusieurs jours. Une marche nationale à l'appel des jeunesses des trois formations politiques qui forment la Fédération de la gauche démocratique (FGD). Et comme à l'accoutumée, l'invitation n'a pas été adressée à Al Adl Wal Ihsane malgré la capacité de la Jamâa à mobiliser un plus grand nombre de manifestants. De quoi s'interroger sur la capacité des organisations à l'origine de cette manifestation et leurs chances de réussir à mobiliser les foules. Hassan Bennajeh critique la dispersion et la fragmentation Contacté par Yabiladi, Hassan Bennajeh, membre du secrétariat général du Mouvement Al Adl Wal Ihsane (AWI), rappelle d'abord que la Jamâa n'a pas été impliquée ni dans l'initiative de la marche ni dans son organisation, pour des raisons qui sont «connues de tout le monde». «Ils sont contre la participation d'Al Adl Wal Ihsane, ce sont leurs affaires», nous dit-il. Il ajoute que son mouvement n'est pas contre «la multiplicité des formes de solidarité». «Nous souhaitons le succès de toute forme de solidarité. Il y a ceux qui ont une position quant à notre participation mais c'est aux gens de se faire leur propre opinion», enchaîne-t-il. «C'est dans l'intérêt du Hirak de s'unir et de coopérer, mais il y a ceux qui ont choisi le contraire. En tout cas, nous espérons que toutes les initiatives auront un impact positif sur le Hirak et non pas le contraire. Toutefois, nous sommes convaincus que la dispersion et la fragmentation bénéficient seulement à la tyrannie, ce qui est regrettable.» Au sujet de l'absence d'initiatives de la Jamâa depuis le début du Hirak visant notamment à organiser des sit-in ou des rassemblements pour soutenir le mouvement né en octobre dernier dans la province d'Al Hoceima, Hassan Bnajeh explique que «la force du Hirak et n'importe quel projet sociétal ne réside pas dans le fait qu'il soit soutenu par une organisation, mais dans sa propre force fondamentale et sa capacité de mobiliser différents courants de la société». «C'est pour cela que nous insistons toujours sur une action unifiée et commune, car le régime ne souhaite que fragmenter et déchirer pour mieux régner», déclare notre interlocuteur. A ceux qui accuse la Jamâa d'avoir abandonné le Hirak, le membre du secrétariat général d'Al Adl Wal Ihsane affirme que ce dernier participe à chaque action commune et qu'il y a deux jours, la Jamâa de Mohamed Abbadi a pris part à un sit-in devant la prison local Ain Sbâa 1 à Casablanca. «Al Adl Wal Ihsane refuse l'exclusivité et refuse aussi d'être utilisé comme un chiffre. Notre mouvement n'a jamais hésité et n'hésitera jamais à prendre part et à s'engager dans des actions communes où toutes les conditions sont réunies», insiste-t-il. L'occasion pour lui de souligner aussi que depuis le début du Hirak, la Jamâa est «en harmonie avec elle-même et avec les revendications de la population». «Nous sommes aussi présents à travers le comité de défense des détenus du Hirak avec plusieurs avocats appartenant à la Jamâa qui en payant d'ailleurs le prix, à l'instar de l'avocate Bouchra Rouissi et la plainte déposée contre elle», conclut Hassan Bennajeh. Abdeslma El Aziz : «Aucune coordination avec ceux qui exploitent la religion» Pour sa part, Abdeslam El Aziz, secrétaire général du Conseil national ittihadi (CNI) précise, dans une déclaration à Yabiladi, que ce ne sont pas les trois partis formant la FGD qui ont appelé à la marche nationale du 8 octobre mais leurs jeunesses. Quant au fait qu'Al Adl Wal Ihsane n'ait pas été invité à l'instar d'autres organisations politiques et associatives comme Annahj Addmimocrati ou encore Attac Maroc, il rappelle qu'il ne s'agit pas d'une nouvelle position. «Cette question a déjà été posée et nous avons apporté une réponse, notamment à travers la feuille de route de la Fédération de gauche. Nous y avons affirmé que la coordination avec les partis religieux ou les organisations qui exploitent la religion est impossible et nos jeunesses ont respecté cette position», nous fait-il savoir. Et Abdeslam El Aziz de passer ensuite aux craintes exprimées par certains sur l'échec de la marche du 8 octobre faute d'une grande mobilisation. «La démonstration ne se fera pas par des chiffres mais par la position politique. Ce qui est important, c'est que la société soit présente avec ses différentes composantes. Nous n'avons pas de complexe sur le nombre des participants. Ce qui compte, c'est que la société marocaine se réunisse pour appeler à la libération des détenus du Hirak, qui ont arrêtés suite à une mauvaise approche.» Le secrétaire général du CNI ajoute que la position de la FGD a été prise en coordination entre les trois partis qui la forme. «Nous ne refusons pas seulement de coordonner avec Al Adl Wal Ihsane mais également avec toutes les organisations ayant des tendances en contradiction avec la nôtre.» «Nous voulons que les organisations politiques séparent la religion du politique parce que nous croyons que mélanger les deux peut créer de gros problèmes pour notre pays et nous conduire vers des impasses.» Abdeslam El Aziz de conclure : «Ceux qui veulent prendre part à la marche sont les bienvenus. Nous n'empêcherons personne, mais la coordination avec ces groupes et ces organisations reste impossible.»