Aux côtés d'Al Adl Wal Ihsane, la FGD et Annahj Addimocrati ont réagi ce mardi à l'interdiction de la marche prévue jeudi 20 juillet. Si les deux premiers n'ont encore rien dit sur leur participation, Annahj Addimocrati ne compte pas faire marche arrière. Détails. L'interdiction de la marche du 20 juillet à Al Hoceima continue de faire grincer des dents dans les rangs des principales organisations qui ont appelé à une participation massive. Ce mardi, le mouvement Al Adl Wal Ihsane (Justice et bienfaisance), interdit mais toléré par les autorités marocaines, a réagi au communiqué publié hier par la préfecture d'Al Hoceima. Intitulé «La manifestation pacifique est un droit légitime», son communiqué indique que «les autorités du Makhzen sont déterminées à ignorer les demandes légitimes de la population du Rif, en continuant de réprimer les citoyens et porter atteinte à leurs droits. L'une des dernières violations est sans doute la décision des autorités d'Al Hoceima d'interdire la marche du 20 juillet 2017». Pour les disciples de Mohamed Abbadi, la liberté de manifestation est «un droit garanti par toutes les religions et les lois». «Nous condamnons cette interdiction arbitraire d'une protestation pacifique (…) et renouvelons notre soutien à toutes les activités pacifiques appelant à la réalisation des revendications légitimes de la province. Nous insistons sur le fait que la réponse à ces demandes et la libération de tous les détenus est la juste voie pour la résolution de la crise.» La FGD réunie ce mardi Du côté des partis politiques qui appellent à une participation massive, l'indignation et la condamnation sont également de mises. Contacté par Yabiladi, Abdeslam El Aziz, secrétaire général du Conseil national Ittihadi (CNI), membre de la Fédération de la gauche démocratique (FGD), estime que «cette interdiction n'a pas de sens». Pour lui, «les arguments présentés dans le communiqué sont dépassés. Les marches et les manifestations pacifiques rentrent dans le cadre de la liberté des citoyens. Le fait d'avancer que les appels émanent de collectifs et de coordinations qui ne disposent pas d'un statut juridique est une discrimination et un abus», poursuit-il. «Je ne pense pas qu'une marche posera problème compte tenu de l'expérience du Hirak né il y a plus de huit mois, qui a toujours été pacifique. La marche devrait notamment permettre de renforcer la cohésion et l'unité nationale puisque des Marocains viendront de l'extérieur de la province pour afficher leur solidarité avec le Rif», nous dit-il. «Le gouvernement doit se diriger vers la résolution des réels problèmes des zones marginalisées et enclavées. Plusieurs régions marocaines souffrent de cette marginalisation. Pour nous, cette décision est injuste et ne s'inscrit pas dans la stratégie visant à apaiser les tensions et résoudre les problèmes. Ce n'est pas à travers les interdictions, les arrestations et la répression qu'on solutionnera la crise.» Annahj assume sa responsabilité «quel qu'en soit le prix» Quant à l'éventualité de ne pas prendre part à la manifestation du 20 juillet, le secrétaire général du CNI déclare que les secrétaires généraux et l'organe exécutif se réuniront ce mardi avant de communiquer la décision de la FGD. «Une décision sera publiée ce mardi et affirmera sans doute le droit des Marocains à manifester librement et pacifiquement. Ce retour aux années de plombs à travers ces interdictions et cet autoritarisme n'est pas dans l'intérêt du Maroc et des Marocains», conclut Abdeslam El Aziz. En attendant la réunion de la Fédération, le quatrième parti politique à avoir annoncé sa participation à la marche, Annahj Addimocrati (Voie démocratique, extrême gauche), a déjà fixé sa position. «Comme l'ensemble des coordinations et des mouvements, nous participerons à ce rendez-vous et ne ferons pas marche arrière. Nous assumons notre responsabilité quel qu'en soit le prix», affirme Abdelmajid Radi, membre du secrétariat national d'Annahj Addimocrati. «Tout le monde connaît notre position : nous sommes contre toute forme de répression, d'interdiction et d'embargo sur toutes les formes de protestation. Que dire de l'approche sécuritaire et la dangereuse escalade de l'Etat contre le Hirak, au lieu de répondre aux revendications de la population, à savoir la libération des détenus et le dialogue.» Pour Abdelmajid Radi, les répercussions de cette approche sécuritaire entreprise par l'Etat seront «négatives voire catastrophiques sur la situation du pays en général». «L'Etat doit assumer la responsabilité de ses décisions. Nous revenons à la logique des années de plomb. Ce sont là des pas en arrière», conclut-il.