Après Rabat, Casablanca devra aussi avoir sa marche de solidarité avec le Hirak ce dimanche 9 juillet. Avec la probable participation des militants d'Al Adl Wal Ihsane, la Fédération de la gauche démocratique est dans l'impasse. L'alliance PSU-CNI-PADS appelait le 18 juin ses militants à rompre tout lien avec la Jamâa. Mardi 18 juin, soit huit jours après la grande marche du dimanche 11 juin, la Fédération de la gauche démocratique (FGD) a annoncé la fin de la lune de miel avec le Mouvement Al Adl Wal Ihsane. Une décision communiquée aux bureaux locaux, régionaux et provinciaux par une note interne adressée le 18 juin à l'ensemble des membres de l'alliance regroupant le Parti socialiste unifié (PSU), le Conseil national ittihadi (CNI) et le Parti de l'avant-garde démocratique et socialiste (PADS). L'acte de divorce qui fait polémique La FGD indique ainsi la rupture définitive avec la Jamâa. Sans citer le mouvement, la note évoque plutôt «les orientations d'intégrisme makhzenien et religieux». «La Fédération est attachée à son projet politique qui rompt avec les orientations d'intégrisme makhzenien et religieux. Les militant(e)s devront ainsi respecter les choix d'alliance de notre formation», lit-on dans la note. Alors que le mouvement de solidarité avec le Hirak qui secoue la province d'Al Hoceima depuis huit mois ne cesse de grandir, la FGD se serait-elle tiré une balle dans le pied ? Tout porte à croire que l'alliance des partis de la gauche semblent avoir choisi le mauvais timing. Jusqu'à la semaine dernière, la décision ne faisait pas l'unanimité au sein de la Fédération. L'universitaire et membre du PSU Mohamed Hafid commentait dans un long statut partagé sur sa page Facebook la note émise par la FGD. «Lorsque l'organe exécutif a émis une note interne d'orientation, il a agi comme la direction d'un unique parti, alors qu'il s'agit de trois partis alliés dans un cadre fédéral qui n'ont pas encore fusionné», estimait-il avant de critiquer le fond de la note. «Quelle est l'image présentée par ces remarques sur la Fédération ? Qui s'est autorisé à analyser ce débat avant d'émettre certaines remarques ? Les raisons derrière la note ne révèlent-elles pas qu'il existe un déséquilibre dans le cadre des priorités, compte tenu des circonstances - le Hirak et ses répercussions - de cette note ?» Ce mardi, des sources médiatiques à l'instar d'Al Aoual annoncent que la décision de la FGD de rompre tout contact avec la Jamâa divise encore au sein de l'alliance. Le média arabophone indique aussi que plusieurs leaders de la gauche, principalement du Parti de l'avant-garde démocratique et socialiste, insistent sur la participation à la marche casablancaise en solidarité avec le Rif qui sera organisée ce dimanche 9 juillet. Une marche qui connaîtra probablement la participation de membres d'Al Adl Wal Ihsane tout comme celle organisée à Rabat le 11 juin dernier. «La jeunesse du PADS a même été contrainte de retirer un communiqué appelant les citoyens à une mobilisation accrue lors de la marche du 9 juillet. Certains ont republié la note de la Fédération», poursuit Al Aoual. Pas de division au sein de la FGD, assurent Benameur et El Aziz Contacté par Yabiladi ce mardi, Abderrahmane Benameur, ancien secrétaire général et ténor du Parti de l'avant-garde démocratique et socialiste (PADS), nie l'existence de toute division au sein de la FGD. «Il n'y a pas de division, selon mes informations. Pour la participation aux marches, les décisions sont prises au sein des partis politiques et la Fédération», nous informe-t-il. Pour la marche du dimanche prochain, il préfère nous renvoyer vers Nabila Mounib. «Quant à la prochaine marche (du 9 juillet, ndlr), nous n'avons pas encore discuté entre nous pour trancher. A ma connaissance et jusqu'à présent, la Fédération de la gauche démocratique n'a pas encore décidé si ses militants y prendront part ou pas. C'est sa coordinatrice (Nabila Mounib) qui est en mesure d'annoncer la participation ou la non-participation.» Alors que la Coordinatrice de la FGD et secrétaire général du PSU est restée injoignable, Abdeslam El Aziz, secrétaire général du Congrès national ittihadi (CNI) apporte quelques précisions. D'abord, il nous précise qu'«il n'y a pas de division». «Il est normal qu'il y ait, à un certain moment et sur certaines questions, des divergences de points de vue et qu'il y ait une discussion», nous dit-il. «Samedi dernier, l'organe exécutif de la Fédération, la plus haute instance, s'est réunie pour discuter de plusieurs dossiers. Il y a même un consensus général sur un ensemble de questions, y compris sur la manière de gérer la relation avec le Mouvement Al Adl Wal Ihsane.» Sur les opinions de militants qui ne partagent pas le même avis que la FGD, il ne nie pas le fait qu'«il y a des camarades qui ont un avis différent de celui de la Fédération comme dans chaque formation politique». «Mais pour moi, je ne constate aucune division ou divergence majeure de point de vue», enchaîne-t-il. Quant à la marche casablancaise, le patron du CNI informe que «le sujet n'a pas été abordé». «Nous coordonnerons entre nous avant de communiquer sur cette question. Il faut aussi comprendre qu'on n'a pas dit qu'on ne participera plus aux marches auxquelles Al Adl Wal Ihsane ou d'autres mouvements prennent part. Notre décision ne concerne que l'organisation et la coordination. La participation ne nous pose donc aucun problème», conclut-il.